Après l'avoir retardée au maximum, par toutes sortes d'entraves, Rabat a pris des dispositions sécuritaires draconiennes dans la capitale du Sahara occidental, Al-Ayoune, pour empêcher toutes manifestations indépendantistes à l'occasion de la visite des parlementaires européens dans ce territoire annexé par la force en 1975. Initialement prévue pour le mois de novembre dernier, la visite des parlementaires européens a finalement commencé mardi à Al-Ayoune, la capitale du Sahara occidental occupée, pour une mission d'enquête sur la situation des droits de l'homme dans ce pays. Cette mission est composée de la délégation ad hoc et la délégation Maghreb, respectivement présidées par MM. Joannis Kassoulides, eurodéputé et ex-ministre des Affaires étrangères de Chypre, et Carlos Uturgaiz, eurodéputé. Au cours de son séjour au Sahara occidental, la délégation européenne doit rencontrer plusieurs Organisations non gouvernementales sahraouies de défense des droits de l'Homme, des victimes de la répression marocaine ainsi que des membres des familles des disparus, a indiqué Mohamed Sidati, ministre conseiller à la Présidence de la République sahraouie. “Depuis 2005, les autorités marocaines usant de manœuvres et, arguant de faux prétextes, ont tenté par tous les moyens d'empêcher la visite de la délégation ad hoc aux territoires occupés du Sahara occidental où sévit la terreur et la répression à l'endroit des populations sahraouies”, a indiqué le diplomate sahraoui. Parant au plus pressé, les forces d'occupation marocaines ont procédé dès lundi soir, soit la veille de l'arrivée de la mission ad hoc du Parlement européen au Sahara occidental, au verrouillage des principales rues menant à la ville d'Al-Ayoune, affirment des sources sahraouies. On signale un large redéploiement des services de renseignements marocains dans les différentes artères de la ville, soutenus par des patrouilles des forces de répression qui sillonnent les quartiers populaires, notamment haï Maatallah, dans le but “d'empêcher toute manifestation réclamant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui”, précisent les mêmes sources. Les forces de sécurité marocaines, dont une partie est habillée en civil, a procédé à la surveillance des domiciles des défenseurs sahraouis des droits de l'Homme. Certains des activistes sahraouis des droits humains ont été tout simplement arrêtés, comme ce fut le cas pour El-Hafed Toubali qui a subi des interrogatoires relatifs à l'agenda de la rencontre avec la mission ad hoc du Parlement européen, ajoutent ces sources. Pour information, le comité ad hoc du Parlement européen a été constitué au terme de la résolution du 27 octobre 2005, avec pour mission d'enquêter sur la situation des droits de l'Homme au Sahara occidental et faire rapport. Il y a lieu de signaler que les membres du comité avaient décidé de reporter leur déplacement parce qu'ils ont soupçonné des tentatives de “manipulations” des autorités marocaines en voulant leur proposer un programme qui “ne s'inscrivait pas dans les objectifs assignés à leur mission initiale”. Une chose est sûre, Rabat attend avec la peur au ventre le contenu du rapport de cette mission. Merzak T.