”Tout est rentré dans l'ordre. Ces incidents sporadiques n'ont pas dégénéré et cela marque l'échec du plan de déstabilisation du royaume conçu par l'Algérie et le Polisario”, a déclaré un officiel marocain sous couvert de l'anonymat à une agence de presse mondiale au sujet des manifestations qui ont secoué durant la semaine écoulée plusieurs villes du Sahara occidental. Continuant sur cette lancée, le wali marocain de la capitale sahraouie al-Ayoun n'a pas hésité dans sa conférence de presse dimanche dernier à parler de “velléités séparatistes derrière ce mouvement téléguidé depuis l'autre côté de la frontière”. Il déclarera que “le timing des évènements et leur nature indiquent la manipulation”, avant d'ajouter : “les déclarations concomitantes du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, et du Polisario en donnent la preuve.” Il y a lieu de noter que les déclarations du représentant du souverain alaouite au Sahara occidental s'inscrivaient dans le cadre d'une tentative de réduire l'impact des manifestations indépendantistes sahraouies, à travers une invitation lancée aux médias marocains et étrangers favorables aux thèses d'intégration de ce territoire au Maroc. Ainsi, une sortie a été organisée, hier, aux journalistes pour juger de la réalité sur le terrain. Mal en pris au wali, car des Sahraouis ont ouvertement affiché leur sympathie pour le front polisario. “Je suis pro-Polisario, je l'affiche publiquement”, a affirmé un habitant d'un quartier d'al-Ayoun. Il est allé jusqu'à dire : “cette rue Al-Mamoun, mes amis et moi l'avons baptisée Mohamed Dades, un Sahraoui qui a passé 17 ans en prison pour ses opinions.” Une trentaine de Sahraouis ont bravé la présence des forces marocaines en manifestant publiquement en présence des journalistes. “Nous voulons l'autodétermination”, “Marruecos fuera” (Marocains dehors), scandaient-ils. “Notre position pro-Polisario est mûre, on revendique l'autodétermination et l'organisation d'un référendum”, criera un Sahraoui à la presse. “Nous sommes fidèles au front Polisario, seul représentant légal et légitime du peuple sahraoui”, dira Aminatou Haidara, une femme sahraouie. Dans l'espoir de renverser la situation en sa faveur, le wali expliquera : “la problématique actuelle, c'est de voir jusqu'où l'on peut tolérer le comportement de ceux qui exploitent un espace de liberté pour nuire au climat d'ouverture que connaît le royaume.” K. ABDELKAMEL