RESUME : Aussitôt rentrés, ils vont à une clinique privée. La gynécologue demande des analyses. Eva en est à son quatrième mois de grossesse. Sa famille est venue les féliciter. Norredine demande à Ali de la mettre en congé. Il tient à ce qu'elle évite tout stress… 52iéme partie Qui l'aurait cru ? Tu t'entends avec lui ! Ali lève les mains d'impuissance. Il le reconnaît. Norredine est bien. Il a fait ses preuves. - Je l'ai surveillé des mois et des mois. Je reconnais que je me suis trompé sur son compte, dit-il, avant d'ajouter en riant : ce sera un vrai papa-poule ! - Le pauvre n'a jamais eu de famille. Après la mort de ses parents, il ne lui restait rien. Pas même une photo d'eux ! lui rappelle Eva. Aujourd'hui, il tient à préserver tout ce qui lui est cher… - Je le comprends ! Je ne suis plus avec toi mais avec vous… Eva soupire de bonheur, en se rappelant cette conversation. Sa famille partie, elle se retrouve seule, contrainte au repos forcé. Quelques mois à attendre. Elle n'en revient toujours pas. Elle aura deux garçons. Elle ne peut s'empêcher d'imaginer des petits Norredine qui jouent dans le salon. Son mari est impatient de les tenir dans ses bras. De les entendre pleurer et rire. Il n'attend pas le dernier mois pour préparer leur chambre. Il tient à ce qu'ils aient chacun sa chambre. Eva n'est pas d'accord. - Les premières années, ils resteront ensemble, lui dit-elle. Je ne m'imagine pas courir d'une chambre à une autre ! - Mais tu ne seras pas seule, la rassure Norredine. On prendra une puéricultrice pour t'aider… Le soir, je serai là ! Je te promets que tu n'aura pas à courir d'une chambre à une autre ! - Je sais que tu tiendras tes promesses. Mais j'aimerais bien que tu m'écoutes… Norredine a pris sa décision. S'il a tenu à posséder un grand appartement, c'est pour que ses enfants aient leur propre chambre. Alors, il l'emmène choisir le papier peint, les rideaux, les tapis, des peluches de toutes tailles et des jouets. Il commande les chambres à coucher. Elles sont blanches. -Tu en fais trop, lui fait remarquer Eva. N'installe pas les bureaux, ils ne les utiliseront pas avant trois ou quatre ans ! - Moi, j'y tiens ! Sinon les chambres ne seront pas complètes… Allez, laisse-moi faire ! - As-tu pensé à la fête qu'on donnera ? - Oui, affirme Norredine. Mais on laissera ta mère l'organiser ! Comme ça, elle me pardonnera pour l'autre fois… - Bonne idée ! Entre les rendez-vous chez la gynécologue, les achats, les longues conversations téléphoniques avec sa mère et les visites de ses amies Feriel et Hakima, Eva n'a pas senti le temps filer. Elle se retrouve à son dernier mois de grossesse. Avec Feriel, elle se rend dans une boutique pour préparer les trousseaux des bébés. Elle est heureuse comme jamais et tranquille. C'est jusqu'au jour où Norredine lui parle de vendre sa villa. Une villa où elle se rend rarement et en son absence. Elle reste sans voix. - Pourquoi la vendre ? rétorque-t-elle. On en aura besoin plus tard… Tu sembles oublier que nous attendons deux garçons ! - Je sais et j'ai les moyens pour qu'ils mènent la belle vie ! - Peut-être, mais moi, la villa a une valeur sentimentale ! Je ne peux pas la vendre ni la louer ! s'écrie-t-elle en larmes. Les jours où je ne me sens pas bien, c'est là-bas que je vais ! Pas ailleurs… Norredine la regarde. -Comment ? Il y a des jours où tu ne te sens pas bien ? Mais où étais-je pour ne pas m'en rendre compte ? l'interroge-t-il. Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? Pourquoi on est ensemble si l'on ne partage pas ces choses-là ? A. K.