Le terroir se trouve près des vestiges de la première huilerie en Afrique, construite à l'époque romaine. Ses pierrailles témoignent de la richesse de la région en oliveraies. Depuis le IVe siècle, la majorité des oléastres de la région ont été détruits et il ne reste que quelques arbres, souvent livrés à eux-mêmes. En effet, l'huile d'olive de la région de Ferkane, une commune située à l'extrême-sud du chef-lieu de la wilaya, est réputée pour être la meilleure dans tout le bassin méditerranéen, selon des experts en oléiculture. Malgré cela, elle est victime d'un délaissement total, voire même coupable, de la part des investisseurs locaux qui ne s'intéressent qu'au gain facile malgré les aides et les subventions de l'Etat dans ce créneau. Durant la période des récoltes, qui coïncide avec les mois de septembre et octobre, les quelques agriculteurs de ladite région, avec leurs moyens rudimentaires et traditionnels, n'arrivent pas à couvrir leurs besoins en huile d'olive. Le premier pressoir se trouve à 300 km, précisément à Bouchegouf dans la wilaya de Souk Ahras. En contrepartie, à quelques pas de la frontière, nos voisins tunisiens, qui se sont beaucoup investis dans ce domaine et connaissent bien la qualité de notre huile d'olive surtout la vierge extraite à froid, proposent à nos agriculteurs un négoce à leur profit. Ils introduisent, depuis la frontière, des pressoirs ambulants et prennent les 3/4 de nos récoltes contre la prestation. Selon des sources sûres, notre huile d'olive se vend dans des marchés européens sous un étiquetage tunisien. Un remake de l'histoire de la datte Deglet Nour. Rappelons que l'espèce de l'olivier de Ferkane pousse dans une région sèche, semi-désertique aux portes du Sahara. Elle offre une huile d'olive de qualité supérieure avec un PH à faible quantité d'acides. Une huile réputée chez les berbères de Ferkane par ses vertus gastronomiques, nutritionnelles, thérapeutiques et cosmétiques. dans ce contexte, dire que les pouvoirs publics algériens sont totalement absents n'est pas juste. Ce qui manque, c'est une approche multidisciplinaire qui prend en charge le dossier de la subvention, la culture, la commercialisation en passant par la transformation. C'est cette vision globale et stratégique qui fait défaut. En effet, le plan quinquennal 2004/2009 a prévu une plantation de 200 à 300 arbres fruitiers dont 70 pour cent d'oliviers dans les régions situées au sud dont celle de Ferkane. Cette dernière a connu une production record durant l'exercice 2007/2008, estimée à 12 000 quintaux d'olives. Un hectare d'oliviers de ladite région peut produire jusqu'à 800 kilos d'olives mûres qui fournissent jusqu'à 40 kilos de pâte qui permet d'extraire, avec des moyens traditionnels, 18 litres d'huiles d'olive vierge extra de bonne qualité. Ce rendement explique la rareté sur le marché de ces acides gras naturels qui servaient à nos ancêtres d'ingrédients pour des mets froids dont les fameuses dattes et figues sèches assaisonnées. Un régal berbère surtout quand il est accompagné avec des morceaux de galette chaude. Maâlem Hafid