Ce sont, entre autres, des procédés modernes de stabilisation, de compactage et d'étanchéitisation de matériaux comme le toub. L'utilisation du béton au Sud n'est pas appropriée. C'est un matériau très résistant, mais il n'est pas indispensable dans cette région qui n'est pas aussi exposée aux aléas sismiques que le Nord. Par rapport aux dégâts occasionnés par les inondations dans la wilaya d'Adrar, M. Hamid Afra, directeur général du Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerib), préfère parler de précipitations qui ont atteint 40 millimètres d'eau, l'équivalent de 40 litres/m2. Ce niveau de chutes de pluie, qui demeure tout juste moyen en comparaison au Nord, a endommagé toutefois quelque 4 000 logements, dont 1 800 sont totalement ou partiellement effondrées, donc inhabitables. Le reste est en partie ciblé, mais il est habitable. Tout ce parc touché doit être ainsi soit réhabilité ou reconstruit avec de nouveaux logements. La particularité de ces habitations appelées communément les “ksour” est qu'elles sont arrivées à la fin de leur durée de vie. Datant de deux siècles, elles sont frappées de vétusté et d'un manque d'entretien. “Sur les planchers terrasses de ces ksour, on trouve des couches épaisses jusqu'à 20 cm de sable suite au phénomène d'ensablement fréquent dans ces localités du Sud. L'absence de la maintenance a fait que ces planchers ont été surchargés et avec les pluies, ils se sont effondrés”, expliquera M. Afra au cours d'une intervention hier sur les ondes de la radio Chaîne III. Les ruissellements des eaux ont vite attaqué les soubassements des murs porteurs de ces maisons. La réhabilitation de ces demeures se fera, selon le DG du Cnerib, avec une nouvelle technique de construction. “Ce sont des techniques modernes de stabilisation, de compactage et d'étanchéitisation de matériaux comme le toub”, précisera-t-il. Le Cnerib, faut-il le rappeler, a réalisé de nombreuses études et de recherche dans ce domaine. Il développe dans le cadre du projet d'efficience énergétique dans le secteur de la construction (Med-Enec), le concept d'habitation rurale. Cette habitation est faite de briques de terre stabilisée (BTS). C'est un produit noble, facile à produire, à utiliser et qui assure un excellent niveau d'isolation. Les chercheurs du Centre avouent pouvoir en outre utiliser la pierre, très abondante dans certaines régions d'Algérie. Les concepteurs de ce prototype ont décidé d'allier le rustique avec le moderne afin de répondre à des exigences très strictes en matière d'efficience énergétique. En plus des murs en BTS, ils ont développé un système de chauffage à l'énergie solaire installé dans le plancher. Ce même système permet aussi de produire de l'eau chaude. Bref, tout a été bien imaginé pour garantir un maximum d'économie d'énergie. En utilisant l'énergie solaire, l'éclairage et la ventilation naturels, et en installant des fenêtres à double vitrage, on peut réduire la consommation d'énergie de 40%, comparativement à une habitation classique. À ne pas confondre, néanmoins, efficience énergétique avec manque de confort. L'Algérie étant en zone de forte sismicité, les chercheurs du Cnerib ont développé un système constructif de maçonnerie porteuse chaînée. Autrement dit, l'édifice n'est pas fondé sur un système classique piliers-poutres, mais à travers des murs porteurs épais et solides. Le Cnerib compte de ce fait mettre les résultats de ses recherches, par ailleurs, validées sur les plans national et international, à la disposition des décideurs. Ainsi, les 450 000 logements réservés à l'habitat rural peuvent constituer une sérieuse opportunité pour mettre en pratique toutes ces avancées en matière de construction de logements. Et Adrar pourra servir de wilaya pilote pour la réhabilitation et/ou la reconstruction des 4 000 unités ciblées par les inondations. Badreddine KHRIS