Le Portugal ouvre le bal des projections des Journées du film européen à Alger avec le long-métrage Alice : le drame d'une famille brisée par la disparition de sa fille unique et la descente aux enfers d'un père. Le bonheur est tellement éphémère et le drame si récurrent. Mardi dernier, la salle Ibn Zeydoun (Oref) a abrité la projection du film portugais, Alice, qui entre dans le cadre des premières journées du film européen d'Alger, qui se poursuivront jusqu'au 11 février prochain et qui s'inscrivent à leur tour dans le cadre de la programmation culturelle de l'année 2009 de la Délégation de la Commission européenne en Algérie. Après une brève allocution de l'ambassadrice de la délégation, Laura Baeza, ainsi que celle de l'attaché culturel de l'ambassade portugaise, place au cinéma et au film, Alice : le premier le long-métrage de Marco Martins, réalisé en 2005.Alice est une petite fille qui a disparu voilà 193 jours. Ses parents voient ainsi leurs vies détruite car ils n'arrivent plus à vivre, si ce n'est cet espoir de la retrouver qui les maintient en vie. La mère d'Alice, vulnérable et très affectée par la disparition de sa fille, avale des “calmants” jusqu'au jour où elle avale toute la boite et se retrouve dans le coma. Le père a l'air plus solide mais ce n'est qu'une illusion. En fait, Alice, c'est l'histoire d'un père, Mario, qui ne renonce pas et qui fait de la recherche de sa fille une obsession, à telle enseigne qu'il installe des caméras dans tout le quartier où elle a disparu. Chaque jour, il passe chez les gens chez qui les caméras sont installées, récupère les cassettes et en installe d'autres. Tous les soirs, il visionne tous les films dans l'espoir de croiser le regard, troublant, de sa fille âgée de 4 ans. Pour retrouver la petite Alice, Mario ne se ménage pas et a même dressé un programme journalier pour retrouver sa fille : le matin, il distribue et colle les affiches dans les rues de Lisbonne, l'après-midi, il remplace les cassettes et très tard le soir, il s'adonne au visionnage. Tout au long de ce film à la fois touchant et cruel, une sorte d'empathie s'installe entre Mario et le spectateur qui comprend, compatit et s'interroge sur la résolution. Par ailleurs et bien que le film ait reçu une distinction à Cannes, à savoir le prix Jeunes Regards à Cannes en 2005, le scénario comporte beaucoup de blancs. Remplacé par la musique, les dialogues sont un peu faiblards bien que l'idée du film soit très originale. En revanche, chapeau bas au réalisateur Marco Martins qui a vraiment fait et montré du cinéma. Malgré un montage saccadé et approximatif, Marco a filmé ses personnages avec une grande lucidité, au plus près des visages et des corps pour accentuer le désarroi et le malheur. D'ailleurs, certaines scènes sont, à elles toutes seules, des petits chefs-d'œuvre, notamment la scène finale. Notons également la qualité impeccable du son. Outre les caractéristiques et le langage cinématographie, Marco Martins tente de faire vivre le spectateur avec les parents qui pleurent la disparition de leur enfant ; il est en quelque sorte convié à leur descente aux enfers. Le regard qui est posé est donc interne et sans invitation, on est dans la tête des personnages. Mais comme dans toutes les premières fois puisque c'est son premier film, le jeune cinéaste a eu cette envie de tout dire, de tout faire, de montrer tout son savoir-faire, ce qui a un peu brouillé le spectateur et embrouillé la réception. Bien qu'il tienne le spectateur en haleine, ce drame psychologique portugais de 95 minutes n'est pas destiné à un large public. Il est lent, il est truffé de symboles et parfois, l'ennui s'installe tant la résolution tarde à venir. Notons par ailleurs la défectuosité de la copie de ce film (ou Dvd) que l'ambassade du Portugal a proposé au public d'Ibn Zeydoun ; ce qui a été très gênant et troublant. Espérons que ce ne soit qu'un accident de parcours car Alger vibrera aux rythmes du cinéma européen jusqu'au 11 février prochain. Sara Kharfi