Alors que le Portugal a eu l'honneur en février dernier d'ouvrir le bal des Journées du film européen à Alger avec " Alice " un drame d'une famille brisée par la disparition de sa fille unique et la descente aux enfers d'un père, cette fois ci ce pays de l'Union européenne aura une semaine à lui seul à la salle El Mouggar.Cette espace que dirige l'Office national de la culture et de l'information, (ONCI) abritera à partir d'aujourd'hui et durant six jours les journées entièrement dédiées au septième art portugais. Au menu de ce rendez- vous cinématographique il y aura des projections de longs- métrages réalisées à la fin des années 1990 et début 2000. Le bal s'ouvre donc ce soir avec " Le héros " de Zézé Gomboa. Le film est Angolais, ce qui est une bizarrerie pour une rencontre "dédiée " entièrement pour le film portugais ! Mais bon. Ce long- métrage pas récent du tout (2004), raconte le drame de Vitorio, personnage central qui est recruté de force dans l'armée angolaise à l'âge de quinze ans. Ce dernier est démobilisé après plus de vingt ans de combats. Au cours d'une de ses dernières missions, il a marché sur une mine antipersonnel et a dû être amputé d'une jambe. Après des mois d'attente, il reçoit enfin une prothèse. Seul et démuni, il erre dans les rues de Luanda à la recherche d'un travail. Une nuit, alors qu'il dormait dans la rue, il se fait voler sa prothèse … et avec elle ses rêves d'intégration. Toujours à l'affiche, il y aura " Ossos et Maison de lave " de Pedro Costa, " Central do Brasil " de Walter Salles et " Nha Fala " de Flora Gomes. Ce dernier film relate le destin d'une jeune chanteuse à la voix d'or étouffé par les traditions familiales et qui, avec l'aide d'un musicien qui l'encourage à faire carrière dans la musique, arrive à se libérer du poids des coutumes. Une rencontre intéressante tout de même aura lieu dans la semaine avec la réalisatrice Margarida Cardoso, qui se déplacera à Alger pour présenter son film " le Rivage des murmures " le 15 juin prochain. Ce film de 115 minutes, réalisé en 2004, met en scène Evita qui entraînera les spectateurs dans son long périple au Mozambique en pleine guerre. Chaque œuvre aura droit à quatre séances de projection, notamment à 14h00, 16h00, 18h00 et 20h00. L'entrée est gratuite. Il faut savoir que l'ONCI s'intéresse de plus en plus à l'image et au son, avec la récente création d'un ciné -club très dynamique qui anime des séances de projection au Mouggar une fois toutes les semaines, et avec aussi la programmation récemment des journées de courts -métrages et autres avant -premières. Le cinéma portugais qui n'est pas du tout hégémonique comme celui des USA a été associé à ses débuts à la production de courts-métrages amateurs par l'industriel de la ville de Porto, Aurélio Paz dos Reis - 1896. Le premier film de fiction portugais, réalisé en 1907, est le court -métrage d'un photographe de Lisbonne, João Correia. L'industrie du cinéma au Portugal débute en 1918, avec la restructuration de la maison "Invicta Film", à Porto. A cette époque, on adaptait des auteurs classiques portugais, employant des réalisateurs étrangers. Entre les années trente et quarante, des films ont été faits par certains auteurs d'avant-garde d'inspiration moderniste, qui hésitaient entre la comédie et le drame historique. Dans les années vingt, on a vu surgir certains films musicaux. Ce n'est qu'après le début des années cinquante que la production de films au Portugal démarre, pour le grand public et sous les auspices de l'"Estado Novo", le régime fasciste d'Oliveira Salazar : des comédies en rose pour la petite et moyenne bourgeoisie, avec des acteurs connus venus du théâtre. Ces films vont ressurgir, sur les téléviseurs de la RTP, la chaîne publique de télévision, une bonne cinquantaine d'années plus tard. Edités en DVD, ils sont toujours vus par un nombre considérable de fans. Par Rebouh H