La cérémonie d'ouverture s'est déroulée vendredi passé, à 18h, à la salle de cinéma Cosmos (Oref), à Alger. C'est en présence d'un public nombreux que la projection du premier film des JFF a eu lieu. Et c'est la Suisse qui a eu l'honneur d'ouvrir le bal avec le film de la réalisatrice suisse Ursula Meier : Home. Sorti en 2008, ce long-métrage est le premier de la réalisatrice pour le cinéma. Pour une première, la tentative est plutôt réussie. Née en 1971 à Besançon, cette réalisatrice helvétique n'en est pas à ses débuts, elle a déjà réalisé un long-métrage, mais pour la télévision (Arte en 2002) : Des épaules solides. Avant la projection, les ambassadeurs du Canada, Patrick Parisot, et de Suisse, Jean-Claude Richard, prirent la parole. De son côté, l'ambassadeur du Canada annoncera que son pays “passera le bâton à la Suisse” qui, en octobre prochain, assurera la présidence de l'Organisation internationale de la Francophonie. D'où l'ouverture des JFF avec un film helvétique. En parlant des films qui seront projetés tout au long de ces journées cinématographiques, l'ambassadeur de Suisse affirmera qu'“aucun thème n'a été imposé”. “Au milieu d'une campagne calme et désertique s'étend à perte de vue une autoroute laissée à l'abandon. Au bord du bitume, à quelques mètres seulement des barrières de sécurité, se trouve une maison isolée dans laquelle vit une famille. Les travaux vont reprendre et on annonce l'ouverture prochaine de l'autoroute à la circulation.” C'est ainsi qu'on peut résumer le film. Toutefois, le drame ne s'arrête pas. Car mis à part le drame de cette famille qui, du jour au lendemain, voit sa vie changer, bousculer avec l'ouverture, après dix ans d'attente, du tronçon E 57, c'est aussi le drame quotidien des automobilistes, usagers de cette nouvelle voie. Des milliers de voitures, de camions et autres véhicules passent et repassent (sens inverse) devant cette maison qui semble avoir été posée là, par inadvertance ou tout simplement par erreur. Une erreur de calcul. C'est une Isabelle Huppert sublime, intuitive qui partage la tête d'affiche avec Olivier Gourmet. Avec finesse et une tendresse enrobée de violence, la réalisatrice nous emmène sur les traces d'une famille qui a trouvé la quiétude et le bonheur au bord d'une autoroute. Un bonheur qui se transformera petit à petit en cauchemar. C'est à petit feu que cette famille bascule dans le drame. Le flux des véhicules la poussera jusqu'à ses derniers retranchements. Sur le plan technique, la réalisatrice a recours aux plans. Plusieurs scènes filmées à partir d'une fenêtre : un cadre dans le cadre. Une manière aussi de montrer l'isolement et le huis clos. La lumière aussi a été étudiée. Si au départ, le spectateur peut voir de la brillance, des couleurs chaudes de beaux paysages car tout est lumineux, tout change, laissant place à la “noirceur”. Une autre façon d'appuyer la descente aux enfers de cette famille, qui pour se protéger, n'hésite pas à s'emmurer, ne laissant aucune ouverture pour l'aération. Un film dur dans son contenu, mais très sensible par le jeu des acteurs. Une sensibilité précaire, fragile qui ne tient qu'à un fil, frôlant la schizophrénie !