Les parents d'élèves de l'école Bouataouas de Ras Bouira ont empêché avant-hier leurs enfants de se rendre en classe. Pour les parents rencontrés à l'entrée de l'école, “c'est un acte de solidarité avec la directrice de l'école qui vient de recevoir une convocation pour comparaître devant la commission de discipline de la Direction de l'éducation. Son tort est d'avoir dénoncé un enseignant pédophile”. Certains accusent l'inspecteur de la circonscription de laxisme envers cet enseignant. “Il nous a demandé de ne pas ébruiter l'affaire. Il avait camouflé deux affaires similaires qui se sont produites dans deux autres écoles relevant de son secteur”, dénoncent-ils. Les enseignants et agents d'éducation ont, de leur côté, apporté leur soutien indéfectible à leur directrice. Notons que l'affaire remonte au 21 janvier dernier quand, aux environs de 13h30, alors que tous les employés sont partis déjeuner, la directrice de l'école surprend en flagrant délit l'enseignant C. K., la cinquantaine, sortant des sanitaires de l'établissement et traînant une de ses élèves qu'il conduisit dans la loge du gardien. Croyant qu'il s'agissait d'une punition de l'élève, la directrice la convoque alors pour lui remettre une convocation destinée à ses parents afin de leur expliquer son mauvais comportement. Prise de panique, la petite fille s'effondre en larmes et refuse de rejoindre son domicile, tout en demandant une protection, faute de quoi elle sera tuée par ses parents. Mise en confiance par la directrice, elle passe aux aveux. Après quoi, la directrice charge une enseignante de langue française afin de mener une enquête auprès des autres élèves et savoir s'il s'agissait d'un acte isolé ou pas. Au lendemain, soit mercredi 22 janvier, l'enseignante en question demande à une autre élève, Sara, si elle a été victime de tels actes. Celle-ci passe aux aveux, de même qu'une autre élève, Nawel, une orpheline qui déclara être une victime également. Il y a eu même des dénonciations de la part des garçons. Informée de la gravité des faits, la directrice a mis en place une commission de recueillement des témoignages, composée d'adjoints de l'éducation et d'enseignants de l'établissement. Après quoi, elle ordonne à l'enseignant pédophile C. K. de quitter les lieux. Pour M. Achit Tahar, secrétaire général à la Direction de l'éducation, “le mis en cause a été suspendu de ses fonctions en attendant sa traduction devant la commission de discipline. Pour le côté pénal, une plainte a été déposée contre lui”. Pour prouver son innocence, l'enseignant prend attache avec certains parents d'élèves et invente l'histoire d'un différend qui l'oppose à la directrice. Après quoi, les parents d'élèves découvrent le pot aux roses. Ahmed, un des parents d'élève, jure que son fils “n'a pas échappé aux attouchements de ce pédophile. Pas moins de 25 élèves de cette classe ont tous témoigné en avoir été victimes. Nous avons déposé une plainte contre lui”, ajoutera-t-il. Convoqué par la gendarmerie, l'enseignant n'a pas daigné se présenter au siège de la brigade. Contacté par nos soins, C. K. clame son innocence. Il dit être un honorable père de famille, avec 12 enfants issus de trois mariages et que deux épouses vivent encore avec lui. Il se dit convaincu qu'il sera mis sous mandat de dépôt, mais qu'il fera tout pour prouver son innocence. A. DEBBACHE