Une bonne partie de ce parc est en état de dégradation avancé ou de vieillissement prématuré, d'où une forte vulnérabilité aux séismes. Tout un chantier beaucoup plus ambitieux devrait s'ouvrir pour entretenir et réhabiliter ce patrimoine, le rendre conforme aux normes de confort, de sécurité et de respect de l'environnement. La réhabilitation demeure un vaste chantier qui est loin d'être achevé. Une simulation, faite en 1987, a démontré que pour amortir un logement dont la construction a coûté 30 millions de centimes, avec les loyers appliqués à l'époque, il faut au moins 80 ans. Les charges étaient supérieures aux loyers. Pour réhabiliter dans les années 1980, il fallait réviser les loyers à la hausse. L'analyse est faite par le président du Collège national des experts architectes (Cnea), M. Abdelhamid Boudaoud. Au plan physique, le parc immobilier national est représenté à raison de 35% de logements construits avant 1948, 20% sont édifiés entre 1948 à 1968, 28% entre 1968-1977 et 17% après 1978. “Ces chiffres qui doivent être rapprochés de ceux que révélera le recensement de 1978 de la population et de l'habitat illustrent bel et bien l'état de vétusté qui caractérise notre patrimoine immobilier. De plus, pour le parc immobilier des logements nouveaux bien que de construction récente, bon nombre d'immeubles et de bâtisses inachevées se trouvent dans un état de dégradation”, souligne cet expert. Pour lui, les bâtisses inachevées doivent se conformer à la nouvelle loi antisismique. Ce patrimoine a été, durant plusieurs années, abandonné. Ce qui entraîne un vieillissement prématuré, fait qui aggrave le déficit qualitatif que présentait dès l'origine une bonne partie du parc. Devant ce constat, M. Boudaoud suggère la mise en place de nouvelles mesures réglementaires à même de mettre les logements anciens aux nouvelles normes de confort, de sécurité et surtout de respect de l'environnement pour avoir un cadre de vie harmonieux. Il propose, en outre, la création d'une agence nationale de l'amélioration de l'habitat, de décider de rattraper le retard et de commencer les travaux dans les 1 541 communes que compte le pays. Avec ces paramètres, on pourra, indique-t-il, mettre aux normes de conformité des logements existants frappés par une vétusté trop avancée, pour ensuite éradiquer l'habitat indigne. “Il existe un nombre très important de logements très dégradés, ce qui est considérablement contraignant pour notre parc immobilier national”, remarque cet architecte. Il reconnaît la difficulté d'une telle tâche : “Améliorer et entretenir un parc immobilier vétuste est très complexe en raison de la diversité des âges, des modes constructifs (différentes typologies) des immeubles et des solutions techniques à mettre en œuvre, et surtout des différents interlocuteurs, c'est-à-dire les maîtres d'ouvrage.” Il existe un nombre très important de logements très dégradés, relate-t-il, ce qui est considérablement contraignant pour le parc immobilier national. Après avoir fait le bilan du patrimoine immobilier vétuste de chaque commune à travers un diagnostic technique et en le portant sur chaque carnet de santé du bâtiment, M. Boudaoud estime qu'il est opportun d'établir une certification du patrimoine en évaluant la qualité de tous les immeubles des communes afin de permettre la valorisation de leur réhabilitation. Cette certification permettra de mesurer la performance des bâtiments. Tout propriétaire devra réaliser des travaux en adoptant une démarche de certification. Une fiche d'évaluation sera exigée dans l'avenir, suivie avec le carnet de santé du bâtiment pour la location et la vente et le prix sera en fonction de cette certification. B. K.