Environ deux-tiers des Américains sont favorables à l'ouverture d'une enquête sur les méthodes utilisées par l'administration de l'ex-président George W. Bush dans sa guerre contre le terrorisme, selon un sondage Gallup publié jeudi par le quotidien USA Today. Les personnes interrogées ont répondu à trois questions sur la cible d'une éventuelle enquête : l'usage de la torture, les écoutes téléphoniques et la politisation du ministère de la Justice. À propos de l'usage de la torture lors des interrogatoires de personnes soupçonnées de terrorisme, 38% des personnes interrogées estiment qu'une enquête criminelle doit être ouverte, 24% préfèrent la confier à une commission indépendante et 34% ni à l'un ni à l'autre. Les proportions sont sensiblement les mêmes concernant le programme d'écoutes téléphoniques qui aurait été mis en place par le gouvernement Bush sans mandat de la justice (38% pour une enquête criminelle, 25% pour une commission indépendante, 34% ni pour l'une ni pour l'autre). En revanche, plus de 70% des Américains sont favorables à une enquête sur l'utilisation du ministère de la Justice à des fins politiques, symbolisé par le limogeage de neuf procureurs en 2006 perçu à l'époque comme une purge politique. Sur 100 personnes interrogées, 41 souhaitent l'ouverture d'une enquête criminelle et 30 la nomination d'une commission d'enquête indépendante. Seuls 25% ne souhaitent ni l'une ni l'autre. De nombreuses associations de défense des droit de l'homme mais aussi des élus, dont le sénateur démocrate Patrick Leahy, qui préside la commission des Affaires judiciaires du Sénat, appellent à l'ouverture d'une enquête pour examiner les responsabilités y compris au plus haut niveau de l'Etat. Le président américain Barack Obama a toujours manifesté des réticences à lancer de telles enquêtes. À propos de la proposition d'installer une “commission vérité” émise par le sénateur Leahy, il a affirmé lundi : “Mon orientation générale est de dire: (...) tournons la page.” “Mais je pense aussi que personne n'est au dessus des lois”, a ajouté M. Obama en se prononçant pour des poursuites judiciaires en cas de méfaits avérés lors de sa première conférence de presse en tant que président. Jeudi, Amnesty International a annoncé dans un communiqué le lancement d'une semaine d'actions le 17 février pour que “le président Obama et le Congrès créent une commission indépendante et impartiale afin d'enquêter sur l'usage de la torture, la détention illimitée, les prisons secrètes et autres politiques illégales d'antiterrorisme”. R. I. /AGENCES