La Haute Cour a confirmé la décision du Home Office de renvoyer ces deux individus devant la justice de leur pays. La Haute Cour britannique a débouté mercredi dernier deux Algériens, en rendant un avis favorable à leur extradition vers l'Algérie. Identifiés par de simples initiales, R. B. et U., ces deux individus ont été emprisonnés au Royaume-Uni pour terrorisme. La validation par les juges de la décision du ministère de l'Intérieur de les livrer à la justice algérienne est intervenue en même temps que l'accord qu'ils ont donné pour le transfert en Jordanie du chef terroriste d'origine palestinienne, Abu Kutada. S'exprimant au nom de ses pairs, Lord Philips a indiqué qu'il n'y a aucune raison pour que Abu Kutada et les deux Algériens ne bénéficient pas de procès équitables dans leurs pays. De son côté, la première responsable du Home Office, Jackie Smith, s'est félicitée du soutien apporté à sa démarche par les parlementaires et a promis d'extrader “ces dangereux individus le plus tôt possible”. “Ma priorité consiste à protéger le public et à garantir la sécurité”, a-t-elle affirmé, révélant avoir signé les ordres de transfert, aussitôt le verdict des lords connu. Les autorités britanniques considèrent que les accords d'extradition signés à la fois avec la Jordanie (en 2005) et l'Algérie (en 2006) offrent des garanties suffisantes sur le sort des personnes transférées. Ils expriment, notamment, l'engagement de ces pays à prohiber l'usage de la torture et à recourir à des procès expéditifs. Mais aussitôt après le verdict des lords, des organisations des droits de l'Homme, comme Amnesty International, sont montées au créneau, indiquant que les “assurances diplomatiques” des gouvernements algériens et jordaniens ne constituent guère des gages de bonne foi. Les médias britanniques ont salué dans leurs éditions de jeudi la décision des lords. Le tabloïd The Sun a titré à la une “This man is a terrorist” (cet homme est un terroriste), en référence à une grande photo de Abu Kutada. Au Royaume-Uni, cet individu est désigné comme le bras droit de Ben Laden et son représentant en Europe. Pour les Algériens, il est surtout celui qui, dans les années 1990, avait cautionné, à partir de Londres, les massacres des GIA et justifié l'enfournement des nourrissons. Abu Kutada est arrivé avec sa famille à Londres en 1993, muni d'un faux passeport. En 1998, il a été condamné par contumace par un tribunal jordanien pour son rôle dans la préparation d'attentats contre deux hôtels de la capitale. Il a quitté la prison de haute sécurité de Belmarch l'année dernière, après avoir gagné un premier appel contre son extradition. Mais il y est retourné en décembre pour avoir violé les clauses de sa mise en résidence surveillée. Contrairement à Abu Kutada, aucune information n'a été donnée sur les faits pour lesquels les deux Algériens sont poursuivis dans leur pays. U. aurait eu une part active dans la préparation des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. En juin 2008, il avait gagné un appel, suspendant son transfert en Algérie. Les avocats des deux Algériens et d'Abu Kutada comptent introduire un appel devant la Cour européenne des droits de l'Homme. Il y a deux jours, cette cour a octroyé au chef terroriste palestinien une compensation pour avoir été détenu abusivement par les autorités britanniques après les attaques contre New York et Washington, comme une dernière carte pour faire annuler les décisions d'extradition S. L.-K.