Un tribunal londonien vient de relâcher trois Algériens ciblés par une décision d'extradition, quelques jours après leur remise en prison, sur instruction du ministre de l'Intérieur. On avait parlé de deux. Ils sont finalement quatre Algériens ciblés par une mesure d'extradition, pour crimes terroristes, prise à leur encontre par le ministre de l'Intérieur britannique. Il y a un peu plus d'une semaine, la Haute Cour confirmait la décision du Home Office de les renvoyer dans leur pays. Aussitôt après, la responsable de ce département, Jackie Smith, avait signé les arrêts d'expulsion. Or, depuis, la situation s'est compliquée. À l'instar du chef terroriste d'origine palestinienne, Abu Kutada (qui devait être transféré en Jordanie), les Algériens ont introduit des recours auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme. Le Home Office a réagi aussitôt en pressant les services de l'immigration d'appliquer les décisions d'extradition, considérant que ces individus constituent une menace grave pour la sécurité publique. Face à leur hésitation, Jackie Smith a décidé alors d'annuler la mise en liberté provisoire des quatre Algériens et de les remettre en prison. Mais la détention de trois d'entre eux s'est avérée très courte. Vendredi dernier, un tribunal londonien où ils ont fait appel, les a relâchés. Dans un communiqué rendu public le jour même, la ministre de l'Intérieur a fait part, évidemment, de sa déception, insistant sur le fait que ces personnes sont dangereuses. Les Algériens avaient bénéficié de la liberté provisoire il y a quelques mois, en perspective de leur extradition. Ils étaient détenus dans la prison de haute sécurité de Belmarch avec d'autres ressortissants d'origine tunisienne et libyenne. Le soutien apporté par la Haute Cour au Home Office constituait quasiment une première dans les annales judiciaires britanniques dans les affaires de terrorisme. D'ordinaire, les magistrats sont plus réservés, craignant que les personnes transférées dans leur pays soient exposées à des risques de torture et à des procès expéditifs. Comme d'autres pays, la Libye et la Jordanie, qui ont signé des conventions d'extradition avec le Royaume-Uni, l'Algérie a fourni à l'Etat britannique des assurances quant à la transparence de la pratique judiciaire et la prohibition de certaines pratiques comme l'usage de la violence dans l'obtention des aveux de la part des prévenus. Les accords entre les deux pays remontent à juillet 2006. S. L.-K.