Aujourd'hui, cette région vit au rythme d'une véritable “révolution agraire”. Des mégaprojets sont réceptionnés et fonctionnels. D'autres sont en cours de réalisation. Le prochain plan quinquennal touchera le reste des localités de cette wilaya. Les douars réhabilités, où la vie reprend graduellement depuis 2003, vivent l'après-terrorisme. C'est la fin d'une époque. Aïn Defla est, désormais, cette partie de l'Algérie profonde, qui vit un nouveau départ. Un véritable décollage. Lannée 2003 est, et restera, une date fatidique pour les populations d'Aïn Defla. Le chef de l'Etat est passé par là. L'espace d'une visite qui aura le mérite de mettre en évidence les insuffisances. Certes, les choses commençaient à bouger. Mais pas suffisamment. Les besoins étaient énormes. La décision d'allouer une enveloppe financière conséquente pour cette région du centre du pays était alors incontournable. Les potentialités étaient manifestes. La volonté aussi. Les populations attendaient impatiemment un plan de développement. Elles souffraient de manques. Et dans la plupart des secteurs. Souvent, ces besoins s'exprimaient dans l'urgence. Le président de la République qui avait touché les problèmes du doigt a, à l'instar des autres régions du pays qu'il avait visitées avant son second mandat à la tête de l'Etat, prit les choses en main. Lors d'un conseil des ministres qu'il avait alors présidé, il avait défini les grandes priorités pour cette région. Sur la base de données chiffrées. 2003 sera, au grand bonheur des régions rurales et des âmes qui peuplent l'Ouarsenis et le Zaccar, le tournant décisif. La décision est prise : développer cette wilaya avec, en toile de fond, l'obligation de résultats. Le projet Bouteflika, qui était alors dans toutes les discussions, venait d'être annoncé. En 2004, à la faveur d'un mouvement annuel ordinaire des walis, le premier magistrat du pays nomme un nouveau chef de l'Exécutif pour Aïn Defla, en la personne de Abdelkader Kadi. Un homme de terrain qui a su gérer avec une main de fer les inondations de novembre 2001 de Bab El-Oued où il était wali délégué. Premier défi : poursuivre le repeuplement des douars désertés lors de la décennie noire, désenclaver les douars longtemps isolés, mettre au diapason Aïn Defla et la hausser au rang des wilayas viables et stables et réaliser une feuille de route définie dans le temps et dans l'espace, avec en sus un plan quinquennal inscrit dans le cadre du programme de la relance économique et de soutien à l'investissement. Ce n'est guère une mince affaire dès qu'il s'agit d'une grande région qui a accusé un retard criant dans la prise en charge des préoccupations de ses populations. 335 000 hectares de terres arables pour 760 000 habitants ! Wilaya agricole par excellence, aux potentialités hydro-agricoles étendue sur 335 000 hectares de terres arables, dont 20 % directement irriguées, Aïn Defla, située à 150 km d'Alger (soit 1h30 de trajet), est peuplée par plus de 760 000 âmes, dont 420 000 habitants localisés dans 332 communautés rurales (douars), répartis sur 14 daïras et 36 communes. “Notre premier défi était de réaliser dans un temps record 11 000 logements ruraux. Nous l'avons fait. Ensuite, profiter de l'aubaine qui nous a été offerte par le projet de l'autoroute Est-Ouest où Aïn Defla est touchée par un tronçon de 114 km, dont le dernier tronçon de 23 km sera incessamment livré. D'autres ouvrages routiers, comme les trémies, les viaducs et les échangeurs sont réceptionnés et d'autres en voie de finition pour désengorger totalement la RN 4”, nous dira d'emblée le wali d'Aïn Defla qui a accepté de répondre aux questions de Liberté. M. Kadi, aguerri aux challenges indiquera, en outre, qu'il fallait également mettre le paquet sur les ressources hydriques pour arriver enfin à alimenter la ville H24. Et le reste suit graduellement. “Nous avons, dira-t-il encore, 5 grands barrages d'eau et 4 autres petits barrages. Mais, avant 2009, ce seront 29 communes qui auront l'eau couramment. Sur le plan agricole, je peux vous assurer qu'il n'y pas un seul mètre carré qui n'est pas exploité ! Aucun paysan ne se plaint.” Un aveu soutenu par le directeur de la communication de la wilaya, M. Omar Haouchine, qui nous révélera par ailleurs, que “tous les moyens ont été mis à la disposition des paysans pour optimiser les cultures. L'agriculture est l'un des secteurs clés aux côtés des travaux publics, des ressources humaines, mais aussi de l'habitat, du transport, de l'éducation, de la jeunesse et des sports et bien d'autres secteurs, comme l'emploi.” En ce sens, M. Kadi donnera plusieurs exemples des secteurs qui favorisent l'emploi, à l'image de la câblerie d'Aïn Defla (500 postes de travail), de l'élevage ovin et bovin, de l'apiculture qui prennent une grande ampleur. Toutefois, le wali mettra en valeur l'apport de l'Etat pour le secteur de l'agriculture, dont 87 hectares sont ponctuellement irrigués, pour atteindre un rendement de plus de 6 % en 2007-2008, soit le plus fort taux à travers le territoire national. Une véritable effervescence agraire. D'ailleurs, le directeur de l'agriculture, M. Achour Merazga, estime à 57 % la population de la région employée dans ce secteur en révolution, sachant que 8 800 projets agricoles sont réalisés dans le cadre du programme présidentiel avec une enveloppe financière de 7 milliards de dinars, dont 67 % pour le développement de l'irrigation, 13 % pour la valorisation de la production et 10% pour la plantation et la réhabilitation des plants. Sans compter l'exploitation du massif forestier estimé à 132 000 hectares en cinq ans. La terre, le tombeau du chômage C'est que la mise en branle du système intensif a donné lieu à l'optimisation de production dans 24 000 exploitations agricoles et la mise à niveau de 4 000 autres exploitations (collectives et privées). “En l'espace de 8 ans, nous avons créé 46 000 emplois supplémentaires. Grâce à ce dispositif, nous avons réduit le chômage de 33% à 11% !”, dira M. Merazga qui se souvient encore de la période rigoureuse de 1999 où seulement 14 hectares étaient irrigués et ce, comparativement à 2008 (14 000 hectares irrigués). Les résultats sont également visibles à travers les 7 unités de transformation (huileries, laiteries, ateliers d'abattage) ainsi que la capacité de stockage passée de 80 000 mètres cubes à 156 000 mètres cubes. Les différentes opérations ont abouti à une croissance de 9,8 % et qui n'était que de 5 % en 1999 selon la même source. Par ailleurs, les 64 projets de proximité au profit de 2 500 ménages de 32 localités ont permis le désenclavement total des communautés rurales et le retour des populations aux douars. Première wilaya dans la production de la pomme de terre, cinquième dans les semences et neuvième en céréales, la wilaya d'Aïn Defla a inscrit 220 projets dans le développement rural intégré, avec une dotation budgétaire annuelle de 150 milliards, en plus du FNDPA et autres dispositifs agricoles et qui toucheront à l'horizon 2014, 170 000 habitants. En somme, tous les moyens pour inciter les populations locales à se stabiliser dans leurs terres respectives à la faveur de l'accalmie. Le projet des 100 locaux par commune initié par Bouteflika en 2004 a également touché près de 3 000 jeunes, y compris dans les douars où le wali en personne a tenu à ériger des locaux (en plus des établissements scolaires et de antennes administratives) au profit des jeunes et des familles ayant rejoint leurs douars pour freiner l'exode. Par ailleurs, M. Kadi a indiqué que plus de 4 700 emplois ont été créés dans le mégaprojet de l'autoroute Est-Ouest qui traverse Aïn Defla. Les perspectives d'emploi toucheront également les étudiants universitaires dont le nombre passera de 9 000 en 2008 à 15 000 en 2010. Le wali mettra en avant aussi les réalisations dans le secteur de l'éducation avec l'ouverture de 15 CEM, 13 autres CEM à livrer, des dizaines d'écoles primaires, des lycées et des crèches. Un tronçon de 114 km de l'autoroute Est-Ouest, qui dit mieux ? Mais l'autre gros morceau que Aïn Defla attend demeure l'autoroute Est-Ouest. Le directeur des travaux publics, Ali Khelifaoui, estime que tout autour de cet important projet se dessine une nouvelle configuration du trafic routier et des échanges entre cette région du reste du pays, mais surtout des communautés rurales. Le projet cher au président Bouteflika s'inscrit dans 4 axes majeurs. “Il y a notamment, dira M. Khelifaoui, la réhabilitation du réseau existant (tertiaire) pour désenclaver les douars, désengorger le réseau principal assujetti aux accidents de la circulation, à savoir la RN 4, la priorité au désenclavement de la communauté rurale pour intensifier le retour des populations et doter la wilaya de nouvelles capacités avec des projets structurants et ce, à travers l'autoroute Est-Ouest sur un linéaire de 114 km”. Notre interlocuteur révélera également que Aïn Defla disposera d'une consistance routière de 2 854 km, de plus de 180 ouvrages d'art, de 6 trémies, 1 tunnel et 4 échangeurs, 2 pénétrantes Nord-Sud et en incluant les 67 nouvelles opérations nécessitant 16 milliards de dinars. Aïn Defla, c'est aussi l'abondance des ressources hydriques. Actuellement 97 % des populations sont alimentées à partir des ressources souterraines, c'est-à-dire les 1 284 forages mobilisant 190 000 mètres cubes/an, les 2 225 puits d'une capacité de 21 200 mètres cubes/seconde et les 687 sources mobilisant également 5 124 mètres cubes/seconde. Mais, l'heure est à la mobilisation des ressources superficielles, c'est-à-dire les barrages, dont 5 grands ouvrages en exploitation, 7 petits barrages et retenues collinaires. Selon le directeur des ressources hydriques, M. Lazhar Ghamri, de 2005 à 2008, ce sont 30 opérations qui ont été réalisées nécessitant une enveloppe financière de 3,256 milliards de dinars pour mobiliser les ressources superficielles et 821 autres opérations dans le cadre des plans communaux de développement (PCD). Sans compter, selon M. Ghamri, la réhabilitation des forages, l'assainissement, l'alimentation en eau potable (AEP), etc. “En 2009, nous aurons 80 % des communes qui seront alimentées H/24. Nous avons en parallèle 5 stations de pompage, dont 3 sont déjà réalisées, 4 stations d'épuration des eaux usées, dont 3 à l' étude”, ajoute M. Ghamri qui a dressé un état exhaustif d'un secteur névralgique. La santé, avec 4 grands hôpitaux, la jeunesse et les sports avec des infrastructures huppées, dont des stades gazonnés et le meilleur centre équestre de l'Algérie (30 chevaux et 14 poneys), le logement avec un programme ambitieux, la culture avec une maison de la Culture flambant neuve, le musée de l'Emir Abdelkader et 36 bibliothèques, la justice avec une cour pour éviter les déplacements des justiciables à Chlef… pour ne citer que ces aspects. “Ce sont 80% des besoins qui sont réalisés au profit des populations, surtout celles vivant dans les zones enclavées”, selon le wali d'Aïn Defla, M. Kadi. À l'heure des préparatifs de l'élection présidentielle du 9 avril, l'heure est à la révision des listes électorales, avec un gisement estimé à près de 400 000 électeurs. Selon M. Kadi, 22 nouveaux centres de rapprochement seront mobilisés pour la circonstance, notamment dans les douars et les montagnes où la vie reprend intensément. Des indicateurs qui témoignent, selon Ammar Ghayout, chef de cabinet du wali d'Aïn Defla, de l'essor socio-économique de toute la région. Une chose est sûre, Aïn Defla se veut un modèle de wilaya où le décollage, au sens du développement local, est on ne peut plus palpable. F. B.