On continue d'exclure les citoyens des informations sur les retombées de la crise financière mondiale sur le pays. Une réunion regroupant les ministres des Finances et les gouverneurs de Banques centrales d'Algérie, d'Afghanistan, du Ghana, d'Iran, du Maroc, du Pakistan et de la Tunisie s'est tenue, samedi à Alger, dans le cadre de la préparation des réunions de printemps des institutions de Bretton Woods. Ces réunions, tenues habituellement à Washington en marge des assemblées annuelles de ces deux institutions financières internationales, sont organisées, désormais, dans chaque pays membre de ce groupe, selon la Banque d'Algérie, citée par l'APS. L'impact de la crise financière et économique internationale sur les économies des pays membres a constitué le thème majeur de cette réunion, tenue à huis clos, et à laquelle ont participé, du côté algérien, le ministre des Finances, M. Karim Djoudi, et le gouverneur de la Banque d'Algérie, M. Mohamed Laksaci. Aucune information n'a filtré de ce conclave, interdit à la presse. Il n'y eut, semble-t-il, que la télévision. Pourtant, l'impact de la crise financière et économique internationale interpelle tout le monde. Des économistes algériens ont appelé, à maintes reprises, à l'ouverture d'un débat sur la question et sur les moyens d'y faire face. Si du côté du gouvernement, on se veut rassurant, sur le faible impact de la crise, plusieurs économistes qui se sont exprimés ne partagent pas l'optimisme des pouvoirs publics. D'autant plus que la crise économique semble s'installer dans la durée et les prix du pétrole peinent à reprendre leur ascension, subissant l'influence des craintes liées aux indicateurs économiques mondiaux qui restent en berne malgré les efforts des gouvernements des pays industrialisés. Quelles sont les perspectives de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international concernant l'impact de la crise sur l'Algérie ? Quelles sont les réponses algériennes à cette crise ? En cette période préélectorale, le citoyen algérien mérite un minimum d'information. Les dernières statistiques du Centre national de l'informatique et des statistiques relevant des Douanes indiquent des tendances quelque peu négatives. L'Algérie a réalisé au mois de janvier 2009 un excédent commercial de seulement un milliard de dollars, en baisse de 72,03% par rapport à janvier 2008. En novembre dernier, après avoir séjourné en Algérie pour conduire les discussions dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article IV des statuts du FMI, la mission des services du FMI relevait que du fait de sa faible exposition aux flux financiers internationaux, le secteur financier algérien ne devrait pas subir d'effets de contagion directe. Cependant, une diminution importante des recettes pétrolières pourrait affecter à terme la croissance par le biais d'un ralentissement du PIB. Ce contexte très incertain requiert une flexibilité accrue des politiques macroéconomiques, afin de limiter l'impact de la baisse des cours pétroliers sur l'économie, préserver la stabilité macroéconomique et soutenir la croissance. Une baisse du prix des hydrocarbures, couplée à des dépenses budgétaires et des importations élevées, entraînerait une dégradation significative du solde extérieur et du déficit budgétaire global, avait averti le FMI. “Le gouvernement devra se préparer à prendre certaines mesures conservatoires au cas où la conjoncture mondiale devait rester durablement défavorable. Celles-ci pourraient inclure une rationalisation accrue des dépenses publiques, y compris une meilleure maîtrise des dépenses courantes, ainsi qu'une mobilisation encore plus efficace des recettes fiscales hors hydrocarbures”, avait indiqué le communiqué de la mission du FMI. La Banque mondiale, pour sa part, dans le dernier rapport sur les perspectives économiques en 2009, indiquait que “l'Algérie est en bonne posture pour faire face aux effets de la crise financière internationale”; à la fin du mois de septembre 2008, les réserves du pays s'élevaient à 140 milliards de dollars, soit 30 milliards de dollars de plus, comparé à la fin de 2007. M. R.