Malgré la “visite inopinée” du ministre de la Santé et des responsables locaux au lendemain du décès du jeune B. H., la colère des habitants de Kehaïlia demeure vive. Encore sous le choc depuis l'apparition de la peste bubonique qui a tué un enfant le 17 juin dernier, la population de Kehaïlia n'en démord pas et tient à manifester son mécontentement par une série de “remontrances” sous forme de revendications adressées aux autorités locales. Ici, la grogne qui continue de susciter des interrogations sur cette “maladie du Moyen âge” met les points sur les “i”, mettant à nu des vérités amères. Des questions relatives au sort qui s'abat pour la seconde fois sur Kehaïlia sont mises en évidence par l'ensemble des habitants de cette bourgade déshéritée, située à proximité de décharges sauvages. En effet, c'est la deuxième fois que ce hameau est frappé d'une maladie terrible, après la méningite qui a fait des victimes parmi la population infantile. Croulant sous des tonnes de détritus et d'immondices, le bourg est devenu, au fil des ans, un foyer de prédilection des maladies contagieuses, pourtant maîtrisables, avec seulement un peu de civisme et de responsabilité des édiles locaux. “Il suffit d'enlever les ordures et de dératiser continuellement les foyers de prolifération des rats”. Un leitmotiv qu'on entend souvent à Kehaïlia. Dans ce contexte, un nombre important de questions surgissent. Comment se fait-il qu'aucune disposition préventive n'a été prise après la première épidémie qui s'était déclarée en mai 2001 ? Pourquoi tout ce silence autour de Kehaïlia dès l'apparition des premiers symptômes de la maladie de la peste ? Pourquoi a-t-il fallu attendre plus d'une semaine avant que les autorités daignent finalement alerter l'opinion publique qui se doutait qu'on “lui cachait quelque chose” ? En revanche, des parents d'enfants atteints de la peste bubonique s'interrogent sur le mal qui “rongent” leur progéniture, particulièrement après le décès d'un enfant, trois heures après son admission au CHU d'Oran. Signe que l'atmosphère reste toujours tendue à Kehaïlia, toutes les personnes qui s'y sont rendues ont été instamment priées de se rapprocher des structures sanitaires “pour un diagnostic plus approfondi”, selon la déclaration du ministre de tutelle. Mais çà et là, des voix s'élèvent, exigeant “l'ouverture d'enquêtes par une commission nationale neutre, afin de délimiter les responsabilités de tout un chacun”. Par ailleurs, le quartier populaire oranais de Boulanger, d'où est originaire une femme atteinte de la peste, semble, lui aussi, vivre au rythme des supputations, dans l'attente des conclusions du rapport médical sur le stade de progression de la maladie. Selon des sources proches de l'institution hospitalière, “l'absence de matériel adéquat et de personnel spécialisé est, en partie, responsable de la propagation de la peste. Un moyen de dépistage des maladies infectieuses est vivement souhaité au CHU d'Oran qui accueille 7 000 patients par jour”. Malgré la “visite inopinée” du ministre de la Santé et des responsables locaux au lendemain du décès du jeune B. H., la colère des habitants de Kehaïlia demeure vive. B. G.