Quatre experts de l'OMS ont tenu une réunion d'évaluation avec la direction de la santé, hier, à Oran. Au lendemain même de la rencontre qu'a tenue le ministre de la Santé avec les huit walis de l'Ouest, nous apprenons de façon officielle l'apparition d'un nouveau cas de peste bubonique chez une petite fille de trois ans vivant à la périphérie de Kehaïlia. Tous les effets d'annonce et la sérénité affichée par M. Aberkane qui ne cessait de répéter, lundi dernier, que “la situation est maîtrisée”, s'effondrent d'un seul coup aujourd'hui. Alors que sept malades sont toujours hospitalisés, des membres de la cellule de veille ont demandé à ce que l'on prévoit également l'hôpital de Mouhgan (Arzew) pour prendre en charge les malades, car le service infectieux du CHUO est une petite unité et la pression sur le personnel médical est énorme, nous dit-on. Les propos du ministre, quant à l'erreur commise en procédant sans véritable contrôle à la dératisation de nombreux sites et quartiers à risque, sans que la désinsectisation ait eu lieu, a jeté le trouble dans l'esprit des citoyens. Ceux-ci s'interrogent de plus en plus sur la façon dont ont été coordonnées et organisées les opérations de prise en charge du fléau sur les plans hygiénique et médical. La méfiance légendaire qu'a la population à l'encontre de ses décideurs et autres gestionnaires l'emporte sur tous les discours rassurant produits jusqu'ici et qui sont malheureusement démentis par l'annonce de tous ces nouveaux cas. Par ailleurs, les quatre experts de l'OMS ont, dans la matinée d'hier, tenu une rencontre au siège de la direction de la santé avec tous les responsables et intervenants du secteur. Un point de situation a été fait, puis trois groupes de travail ont été constitués. Nous avons appris, par ailleurs, que l'un de ces groupes s'est rendu dans l'après-midi au service des maladies infectieuses du CHUO. Sur place et pendant plusieurs heures, ils se sont fait présenter les protocoles et autres traitements appliqués dès la confirmation des premiers cas de peste bubonique. Des échanges sur les expériences respectives en matière de prévention et les traitements adoptés ont eu lieu entre les différents partenaires. La durée de la mission des quatre experts de l'OMS est prévue pour une semaine. Bien que leur programme de travail n'ait fait l'objet d'aucune information officielle, il est fort à parier qu'il y aura un déplacement sur les sites infectés. Un point de presse pourrait avoir lieu avant le retour sur Alger avons-nous appris auprès du wali car, désormais, c'est la wilaya qui assure exclusivement tous les aspects liés à l'information, estimant qu'il y avait eu trop de “cacophonie” sur cette épidémie de peste dans le même temps où la presse considère ce centralisme comme une entrave à l'exercice de son travail. F. B. Nouveau cas à Zaghloul Il y a quelques jours, un jeune homme âgé de 27 ans environ et résidant au douar Helaïmia relevant de la commune de Zahana, situé à 10 km seulement de Kehaïlia, et présentant des symptômes de la peste bubonique a été admis en urgence à l'hôpital d'Oran, pour des examens plus approfondis lesquels ont confirmé le diagnostic. Dans la journée du lundi 30 juin, un enfant de 18 mois seulement et habitant le faubourg de Zaghloul, localité située sur la RN4, entre Sig et Oued Tlelat a été emmené par ses parents chez un médecin généraliste pour auscultation. Après avoir examiné le malade, le médecin a décelé des signes évidents liés à la peste et a ordonné son évacuation au CHU d'Oran. Tard dans la soirée, vers 21 heures, le malade a été déclaré atteint de cette maladie, qui ne finit pas de défrayer la chronique et susciter la suspicion. C'est le wali de Mascara qui a annoncé la nouvelle le hier matin en plein séance d'APW. Dès lors, une cellule de crise a été installée avec pour objectif de prendre les mesures d'urgence pour enrayer ou limiter la propagation de ce fléau. Bilan provisoire de l'Epidémie Sur les quatorze cas, six ont été découverts en dehors du foyer principal de Kehaïlia. Le dernier en date, celui d'une petite fille de trois ans, vivant aux frontières administratives de la wilaya d'Oran et de Mascara. Jusqu'à hier, sept personnes sont encore hospitalisés. Une première évaluation du coût de la peste avoisinerait les 160 millions de centimes. Mais aujourd'hui, avec l'apparition d'un deuxième foyers à Aïn Témouchent, l'impact financier sera plus important, puisque les opérations de désinfection vont devoir toucher plusieurs wilayas. A. B.