L'état lamentable dans lequel se trouve le vieux bâti en Algérie a suscité, hier, au centre de presse d'El Moudjahid, à Alger, une rencontre-débat sur le sujet, au cours de laquelle des solutions ont été proposées pour préserver l'identité urbanistique d'Alger. Deux experts sont venus à cette rencontre pour tirer la sonnette d'alarme. Ainsi, Boumediene Belgaci, président-directeur général de l'Organisme national de contrôle technique de la construction du Centre (CTC-Centre) et Hamid Boudaoud, président du Collège national des experts en architecture ont animé une conférence en présence de responsables de l'AADL, de représentants des entrepreneurs ainsi que des urbanistes. “Nous sommes assis sur une bombe à retardement, le moindre incident risque de tout faire partir en fumée”, a lancé M. Boudaoud comme pour montrer la gravité de la situation dans laquelle se trouve l'habitat en Algérie. Il a ajouté : “Plus de 17 000 habitations menacées qui risquent de tomber en ruine ont été diagnostiquées dans sept communes d'Alger”, tout en insistant sur la nécessité que chaque logement ait un “carnet de santé” qui attestera de l'état dans lequel se trouve le domicile. Il a insisté sur l'importance de la création d'“une agence nationale de l'habitat”. Par ailleurs, M. Boudaoud a tiré à boulets rouges sur les autorités locales, et surtout les présidents d'APC, en leur attribuant la responsabilité de la situation du vieux bâti en Algérie. Car, selon lui, les responsables doivent avoir un cahier des charges fait par des experts pour les aider à mieux connaître ce qu'il y a dans chaque commune. Le conférencier a tenu à faire savoir que “les communes les plus en danger sont celles qui font face à la mer à l'image de Bab El-Oued, Alger-Centre et Sidi-M'hamed”. Ces localités nécessitent, préconise-t-il, “un programme de réaménagement dans les plus brefs délais”. Interrogé par Liberté pour savoir si, dans l'état actuel des choses, Alger risque de perdre sa spécificité urbanistique, il a répondu : “Nous sommes là pour empêcher cela.” Et pour ce qui est relatif à la démolition en 2008 de l'immeuble qui abritait l'Algéroise (ex-la Parisienne), il a assuré que cette opération “pouvait être empêchée”. Pour sa part, Milat Abed Djalil, directeur du Laboratoire de contrôle technique et d'essais pour le CTC-Centre, a exposé les différentes classes dans lesquelles est réparti le vieux bâti. “Le vieux bâti est divisé en quatre classes. La première classe, ce sont 30% des logements des sept communes de la capitale qui ont subi des dégradations minimes ; la deuxième, c'est celle des logements moyennement dégradés et qui représentent 53% des habitats. Par ailleurs, 15% des maisons sont dans un état critique avec des endommagements lourds, certaines dans un état vétuste. Concernant la dernière classe, elle est de l'ordre de 1% du vieux bâti et elle est constituée de logements en ruine.” D'après M. Milat, l'humidité, le manque de civisme, la pollution, le trafic routier dense, le taux élevé d'occupation des habitations et les catastrophes naturelles sont des facteurs qui contribuent à la détérioration du bâti. Il a insisté sur la nécessité de “mettre en place une politique de réaménagement pour préserver l'immobilier”.