Casse-tête chinois, «1.175.000 bâtisses restent inachevées et 1.500.000 logements demeurent inoccupés». C'est ce qu'a déclaré M.Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts-architectes, lors de la table ronde sur le coût social du vieux bâti, tenue, hier, au centre de presse d'El Moudjahid. Ces chiffres contrastent avec les assurances données par le ministère de l'Habitat quant à la livraison prochaine de plus d'un million de logements. Riche d'une carrière de trente ans révolus, l'expert a préconisé qu'«une prise en charge effective du patrimoine immobilier passe par le renouvellement du parc, certes, mais aussi, par la restauration du vieux bâti» a-t-il ajouté. Une telle opération nécessite un recensement détaillé et des enquêtes approfondies sur l'état du bâti à l'échelle nationale. A travers la wilaya d'Alger, «pas moins de 17.617 bâtisses, dont 13.697 logements, nécessitent des travaux de restauration. Sur cet ensemble, 259 édifices menacent ruine», a indiqué M.Oukaci, représentant du Contrôle technique de la construction (CTC). Les chiffres énumérés concernent, seulement, sept communes. Parmi ces dernières, M.Oukaci a cité Sidi M'hamed, Alger-Centre, Bab El Oued, Belouizdad, El Harrach et Hussein Dey. La situation précaire du vieux bâti et les répercussions néfastes qu'elle peut avoir sur des quartiers aussi peuplés, demeure une préoccupation majeure des spécialistes du bâtiment. A titre d'exemple, M.Boudaoud a rappelé que «sur une superficie d' un km², Bab El Oued compte 28.000 habitants. Une telle densité fait de ce quartier l'un des plus populeux au monde».Le constat est sans appel. Le parc immobilier existant nécessite, selon le président du Cnea, «une stratégie basée sur le principe de la démocratie participative». Explication: «Une démarche concertée des élus locaux et nationaux ainsi que du ministère de l'Habitat doit être menée pour asseoir un dispositif législatif et incitatif à même de trouver un bon équilibre entre le côté social, culturel et étatique pour une opération de restauration fiable.» Ce faisant, l'intervenant a déploré l'absence des présidents des APC de Bab El Oued et d'Alger-Centre «pourtant concernés par la question». Traitant de la façon de mener l'opération de réhabilitation du vieux bâti, l'expert architecte a réitéré sa demande «d'établir un certificat de santé des bâtisses, une sorte de fiche technique permettant l'entretien et le suivi continu de l'état de l'édifice». Pour rappel, le parc immobilier national compte près de six millions d'édifices dont ceux construits avant l'indépendance dépassent le million d'unités. Depuis des décennies, la question de la restauration du vieux bâti revient à l'ordre du jour de rencontres tous azimuts. Cependant, sa réalisation reste un voeu pieux.