Constat n - Près de 60 % des bâtisses d'Alger-Centre sont concernées par cette problématique. C'est ce qu'a annoncé hier Abdelkrim Chelghoum, expert en génie parasismique et président du club des risques, lors d'une table ronde organisée au centre de presse d'El Moudjahid. Cet expert estime que la mise en conformité de ces chantiers n'«est pas chose facile», d'abord, dira-t-il, sur le plan financier cela nécessite un budget colossal sans oublier le facteur temps. Pour argumenter ses propos, il avance comme hypothèse qu'il faut pratiquement un architecte parmi les 12 000 que compte l'Algérie pour 100 à 150 chantiers». Partant de ce principe, «on pourrait à peine assurer un suivi rigoureux des chantiers, loin d'assumer la tâche même après cinq ans», déplore-t-il. Dans la même logique, M. Chelghoum remet en cause la loi 08-15 du 20 juillet, élaborée par le ministère de l'Habitat portant sur la mise en conformité des constructions en vue de leur achèvement. Il la qualifie d'«incomplète.» Selon lui, cette loi ayant pour but de changer le visage hideux de nos villes a été conçue pour mettre au même niveau tous les types de constructions, sans prendre en considération les autres facteurs de risque pouvant générer d'énormes pertes humaines et matérielles. Il s'interroge sur la situation d'un propriétaire qui a reçu un quitus de parachèvement alors qu'il ne sait pas si sa construction encourt un risque quelconque : séisme, éboulement, ou alors un glissement de terrain ou carrément le fait que sa maison est bâtie sur le lit d'un oued ? Pour preuve il citera l'exemple des inondations qui ont balayé toute la ville de Ghardaïa. La loi gagnerait à être complétée par l'identification de chaque construction par rapport aux différents risques existants. Il estime qu'il est important de soumettre cette loi à un débat national autour des experts et des spécialistes en la matière pour être revu, et ce afin d'éviter de tomber dans le piège du séisme de 2003. De son côté, le président du Collège des experts architectes, Abdelhamid Boudaoud, préconise que les 1 451 communes des différentes wilayas du pays sont concernées par ce problème. «Chaque commune doit recenser son patrimoine immobilier inachevé, voire sa cartographie, pour dégager les besoins en matériaux de construction.» «Un fichier communal des constructions inachevées est nécessaire», de même «qu'il est temps que les autorités pensent à réaliser un fichier national du foncier», a-t-il plaidé. Il déplore certaines situations relatives au non-respect des règles urbanistiques et architecturales.«Des milliers de personnes ayant obtenu leurs permis de construction ne construisent pas conformément au plan approuvé par l'architecte.» En terme d'aménagement dans le milieu urbain, il ajoute que, selon les normes internationales urbanistiques, il faut laisser 10 m2 pour l'espace vert. «Or, en Algérie, poursuit-il,on laisse à peine 1 m2». L'attribution des lots de terrains avec des décisions qui ne sont ni publiées ni enregistrées est «une autre situation qu'il faut régulariser.» Lounis Khodja, entrepreneur en bâtiment, note que la plupart des constructions inachevées n'ont pas été confiées à des professionnels. Il a relevé les fréquentes pénuries en matériaux de construction qui freinent l'avancée des chantiers. El-Hamiz : une anarchie organisée «Où sont les autorités qui continuent à fermer les yeux sur la ville d'El-Hamiz», a lancé Kheiredine Ladjouz, président de l'Ordre des architectes. «C'est un vrai musée qui incarne l'image anarchique du bâti en Algérie», a-t-il regretté. Il s'avère que cette localité se trouve également privée aujourd'hui d'assainissement dans la plupart de ses quartiers, d'électricité et d'alimentation en gaz de ville. S'ajoute à cela le problème des bidonvilles installés dangereusement sur les rives de l'oued Hamiz. Selon lui il faut donc régler le problème du foncier et mener des opération d'urbanisation énergiques pour que cette ville soit gérable. Abondant dans le même sens, la SG de l'Ordre des architectes, Assia Aïcha, a ajouté : «El-Hamiz n'est pas un cas particulier, il y a bien d'autres pôles économiques qui sont urbanisés anarchiquement et qui se développent de façon sauvage du fait qu'ils n'ont pas été réalisés par des professionnels.