Survenant un mois et onze jours après la décision du Conseil de l'Etat d'annuler les élections du bâtonnat d'Alger de 2008, la conférence de presse d'hier organisée au tribunal Abane-Ramdane par Me Sellini a été une occasion pour ce dernier de défendre ses positions. Pendant près d'une heure et demie, le bâtonnier d'Alger a essayé de battre en brèche les attaques de ses opposants tout en revenant sur les raisons de l'annulation du scrutin que sa liste avait gagnée avec une écrasante majorité. Son intervention qui avait plus l'air d'une plaidoirie qu'autre chose s'est caractérisée aussi par le ton tranchant de Me Sellini. “Oui je suis têtu” martelait tout en répétant à plusieurs reprises “qu'ils (NDLR : l'opposition) aient la décence de respecter la décision du Conseil d'Etat”. Une décision dont la lecture du bâtonnier a été tout à fait différente du chef de fil de l'opposition, Me Chaoui, lors de la conférence de presse qu'il avait organisée le 18 février dernier. “Le Conseil d'Etat n'a à aucun moment parler de fraude ou de tricherie ou encore de bourrage d'urne”, a déclaré Me Sellini tout en donnant les précisions suivantes : “On nous a reproché de ne pas avoir permis aux autres avocats de consulter le tableau (NDLR : liste des votants lors des scrutins) au moins 21 jours à l'avance alors que c'était impossible de le faire étant les délais que nous avions. On nous a reproché que certains avocats ont voté en dehors des isoloirs et je me vois mal demander cela surtout aux anciens de la profession. Aussi on nous a reproché d'avoir isolé les avocats stagiaires dans un étage lors des élections alors qu'on l'avait décidé parce que les autres candidats disaient que ces jeunes pouvaient être influencés par les membres du conseil.” Les explications faites, le bâtonnier a affirmé que “malgré tout cela nous respectons la décision du Conseil d'Etat et nous appelons donc à de nouvelles élections”. Il a ainsi annoncé, mettant l'opposition devant le fait accompli, les dates du scrutin : “Ce sera le 12 mars pour le premier tour et le 19 mars pour le second tour.” D'ailleurs une affiche a été placardée au niveau du siège du bâtonnat d'Alger dans laquelle les avocats sont invités à participer au vote tout en donnant la composition de la commission de contrôle des élections composée des bâtonniers : Amar Bentoumi, Ali Amar Laouar, Tayeb Belloula et Ahmed Abbeche. “Nous avons invité un collège d'anciens bâtonniers”, a indiqué le bâtonnier avant d'ajouter “je n'ai pas innové et notre but est avant tout la crédibilité des élections. Ceux qui se proclament comme opposition ont déposé des recours pour un nouveau vote et donc ils n'ont qu'à participer”. Concernant les attaques de Me Chaoui and Co, Me Sellini s'est montré à plusieurs reprises virulent utilisant souvent des termes loin d'être “diplomatiques” tout en les accusant de complicité avec “un groupuscule que tout le monde connaît pour son attitude antidroit” sans donner plus de détails. Tout en les désignant par “ceux qui ne représentent sur les 4 000 avocats que 100 voix”, il a affirmé à leur sujet : “Ils veulent nous faire revenir à l'époque des entreprises nationales pour créer une sorte de “Sonavocat”, comme Sonacome à l'époque pour qu'on vote pour eux.” Sur les 7 milliards que Me Chaoui avait évoqués, le bâtonnier a déclaré : “C'est vraiment malheureux. Il y a un cabinet commissaire aux comptes qui contrôle nos dépenses mensuellement et annuellement. C'est vraiment insensé d'avancer ce genre d'allégation”, avant de défier ses opposants “déposez plainte !”. Salim Koudil