Depuis hier, le bâtonnat d'Alger n'a ni bâtonnier ni conseil de l'ordre. Un “vide” qui survient après l'annonce, par le Conseil d'Etat, de l'annulation des élections pour le renouvellement de l'Ordre des avocats d'Alger, qui s'étaient déroulées les 24 mars et 7 février derniers et qui avaient vu la victoire écrasante de la liste de Me Sellini. Une décision qui survient après les multiples recours déposés par de nombreux contestataires dont la plupart étaient des candidats malheureux à ses joutes électorales très controversées, avant, pendant et après leur déroulement. L'élection de Me Sellini avait suscité des recours par un groupe d'avocats mené par Me Chaoui qui avait déposé, juste après à la fin du second tour, des recours en annulation auprès du Conseil d'Etat. Il y était mentionné, notamment les “dépassements” et les transgressions constatés “lors des élections du renouvellement du conseil de l'Ordre des avocats d'Alger”. Le premier tour s'était déroulé le 24 mars 2008, alors que le second, programmé une semaine après, a dû être reporté au 7 avril pour diverses raisons plus au moins valables. La liste de Me Sellini, qui était le bâtonnier sortant, avait obtenu, au bout des deux tours, 25 sièges sur les 31 que compte le conseil. C'est depuis le 17 septembre dernier que le Conseil d'Etat avait commencé son “cycle” d'auditions. Tour à tour, les membres de la commission électorale, le bâtonnier d'Alger, Me Sellini, et les représentants du groupe d'avocats contestataires avaient été entendus par le conseiller chargé des élections près du Conseil d'Etat. Le dernier à avoir été entendu, le 15 octobre dernier, était Me Mustapha Ben Bouali, en tant que président de la commission électorale. Depuis, les résultats étaient très attendus surtout par le groupe de contestataires.La décision annoncée, hier, démontre, encore une fois, que la situation des robes noires est de plus en plus confuse. Pour connaître son avis, nous avons essayé de prendre attache avec Me Sellini, mais sans résultat. De son côté, Me Chaoui devrait organiser une conférence de presse dans les prochains jours pour annoncer les initiatives qu'il compte prendre aux côtés des autres contestataires. L'annulation des élections vient aussi chambouler les quelques timides “gesticulations” à propos du projet de loi réglementant la profession d'avocat proposé par le ministère de la Justice. Un avant-projet qui a suscité des remous à cause de certains articles, notamment l'article 24. Il y a quelques jours, le bâtonnat d'Alger avait invité les avocats sous sa “coupe” à participer à une assemblée générale extraordinaire pour demain 14 janvier. Avec cette décision du Conseil d'Etat, il est très probable que cette AG soit annulée puisque statutairement, personne n'a le droit de l'organiser. C'est en tout cas l'avis de quelques juristes avec qui nous avons pris attache hier. Pour ce qui va se passer à partir de maintenant, ces mêmes juristes nous ont précisé qu'il y a deux possibilités : soit le ministère de la Justice désigne d'anciens bâtonniers d'Alger ou d'anciens membres du conseil pour régler les affaires courantes et organiser de nouvelles élections, soit le conseil de l'ordre d'Alger est chargé de s'occuper des affaires courantes sans, toutefois, s'immiscer dans l'organisation des votes. Aussi, cette situation ne risque pas seulement de toucher ceux d'Alger. Même le titre de bâtonnat national risque d'être remis en cause. Certains, peut-être, semblent vouloir l'oublier, mais rappelons que les membres du Bâtonnat national, en l'occurrence Me Menad, en tant que bâtonnier national, Me Benaïche, le vice-président, Me Wahrani deuxième vice-président, et enfin le trésorier qui n'est autre que… Me Sellini, ont tous été élus avec la participation des 13 barreaux que compte la corporation. La non-reconnaissance de l'un d'eux ne peut que remettre en cause les résultats qui en sont advenus. Tout ce brouhaha se déroule alors que la profession paraît complètement tétanisée depuis plusieurs années déjà, pendant que sous d'autres cieux, les robes noires sont considérées comme de véritables moteurs de la société civile. Salim Koudil