Abalessa, une ville agricole riche en histoire, mais aussi en découvertes archéologiques se transforme, à l'occasion des festivités dédiées au patrimoine immatériel de la région de l'Ahaggar, en campement traditionnel où se mêlent artisanat et folklore. Afin de mettre en valeur et mieux faire connaître le patrimoine immatériel de la région, l'Office du parc national de l'Ahaggar (OPNA) a organisé des festivités dans la commune d'Abalessa. Deux jours de fêtes essentiellement animées par de nombreuses associations culturelles du coin et ce, pour le grand plaisir des visiteurs, mais surtout de la population locale. En effet, grâce à la mobilisation de ces associations, un campement traditionnel a été entièrement reconstitué. Plus d'une vingtaine de tentes traditionnelles ont été installées. Chacune d'entre elles mettant en scène un de ces savoir-faire ancestraux que les organisateurs de ce festival veulent protéger et préserver de l'oubli, notamment auprès des jeunes de la région qui étaient nombreux sur les lieux au cours de ces deux jours. Femmes et hommes, vêtus de différentes tenues traditionnelles et à l'aide de moyens primaires, faisaient des démonstrations de méthodes anciennes qui ont permis à ces populations de survivre dans cet environnement hostile. Le tissage de l'issabar, qui est une sorte de clôture haute de 80 cm qui protège les tentes du vent, mais aussi des scorpions, des serpents et autres reptiles, le tannage des peaux de bêtes qui servent à fabriquer les tentes mais aussi un ensemble d'objets qui rendent la vie quotidienne plus pratique, les gravures sur bois et autres dessins haut en couleur qui, une fois placés à l'entrée des tentes, déterminent de quelle tribu il s'agit… le tout mêlé aux chants et aux danses traditionnelles tels que la takouba, qui est une danse de guerrier, le tindi et l'imzad, qui sont à la fois des instruments de musique, mais aussi des chants de poésie. Des démonstrations de courses de chameaux ont également eu lieu. Abalessa est de plus une région très irriguée, ce qui en a fait, pendant longtemps, la première ville agricole du désert mais aussi une plaque tournante des caravanes sahariennes qui venaient commercer et échanger les biens. C'est également une ville riche en histoire et en monuments vieux de plusieurs siècles. Une visite du tombeau de Tin Hinan, reine des Touaregs, était d'ailleurs inscrite au programme de ces festivités. Ce qui est aujourd'hui un tombeau était autrefois un fort dominant le plateau et l'oued d'Abalessa. Son architecture circulaire et ses parois faites de grosses pierres cubiques rappellent étrangement les pyramides égyptiennes. Ce monument datant du IVe siècle avant Jésus-Christ constitue aussi les signes des premières tombes. Les spécialistes pensent que c'est à cette époque qu'on a procédé aux premiers enterrements des morts. Le site est doté d'un petit musée qui est en cours de réalisation. Pour l'instant, seules des photographies sont accrochées aux murs car les trouvailles qui y ont été faites se trouvent dans le musée du Bardo à Alger. “Nous allons faire fabriquer des répliques du mobilier funéraire retrouvé dans le tombeau de Tin Hinan, par des artisans locaux, afin de les exposer dans ce petit musée mais aussi dans le futur musée de Tamanrasset qui, nous l'espérons, ouvrira ses portes d'ici à 12 mois”, confie Farid Ighilahriz, président de l'OPNA. Pour rappel, l'évènement avait débuté le 23 février et sera clôturé tard dans la soirée d'aujourd'hui par la visite de l'Assihar, un important regroupement à caractère commercial qui a lieu une fois par an à Tamanrasset. A. H.