Eh oui ! La confusion est encore totale dans certains esprits ! On confond une agence de communication avec un kiosque multiservices. C'est ça aussi le marché de la publicité en Algérie. D'ailleurs, le qualificatif qui siérait le mieux au marché publicitaire algérien, est sans conteste, “inqualifiable”. Non pas que tout va mal, mais “inqualifiable” parce que très complexe ! Une complexité qui tire son origine dans une opiniâtre nébuleuse qui dépeint l'activité publicitaire, telle que pratiquée chez nous, aussi bien dans les agences de communication qu'au sein des cellules chargées du marketing, dans les différentes entreprises et institutions. En termes clairs, les critères d'octroi d'un potentiel bon de commande, sont davantage définis sur la base des affinités, que sur des compétences avérées. En conséquence, quand les aptitudes viennent à manquer, bonjour les dégâts ! C'est que, en communication, comme en médecine, quand il y a incompétence, il y a nécessairement préjudice ! Ainsi une pensée mal transmise n'est que logiquement, mal interprétée. (C'est le principe d'émission-réception). En fait, la propagation d'un message n'est jamais sans effet. Il y a toujours un impact, quel qu'il soit ! Or à travers la communication, ce qui est recherché, c'est que la cible visée soit atteinte et le message imprégné de ses idéaux, bien assimilé. Une telle production requiert au préalable une réflexion qui tient compte de certains préceptes, à savoir, discerner le choix de la cible (le type de population ciblée), du support (média/hors média), etc. Et si par légèreté, le concepteur passe à côté de la plaque, le préjudice sera difficile à réparer. D'abord, en termes d'impact (crédibilisation) et aussi sur le plan pécuniaire. Cela coûte beaucoup plus de réparer une publicité inexacte, que d'en concevoir plusieurs, notamment en matière de temps pour sensibiliser à nouveau. Agence de communication KMS Presque tous les jours, à travers notre vaste pays, de nouvelles agences de communication ouvrent leurs portes. En même temps, d'autres, aussi nombreuses, baissent rideau. C'est la loi de l'économie de marché ! À la question de savoir, qu'est-ce qui amène à vouloir créer son agence ? La réponse de ce jeune fraîchement diplômé en informatique, nous laisse plutôt embarrassé ! “Franchement, je n'ai pas envie de travailler pour 20 000 dinars… et mon père, bien placé, m'a assuré de son aide”. Ce papa bien placé pourra peut-être aider son digne fils à avoir du travail, mais il ne pourra certainement pas l'aider à bien réaliser son travail ! La communication est loin d'être du bricolage ! Quant à tous ceux qui baissent rideau, pour certains, les bons de commande se font de plus en plus rares et pour d'autres, ils se sont simplement rendus compte que le métier de la communication ne s'improvise pas. Même si ce n'est pas une science exacte ! Beaucoup l'ont compris trop tard et à leur détriment. Ils ont confondu, agence de communication avec kiosque multiservices. Si la gestion d'un KMS se suffit d'une certaine rigueur et du sérieux, pour sa survie, (en peine depuis la démocratisation de la téléphonie mobile), le métier de la communication, en plus de toutes ses qualités, il requiert aussi un savoir-faire confirmé, doublé d'un capital relationnel bien étoffé, à même de garantir une relative pérennité de l'activité. La part du lion La publicité dans le Maghreb pour l'année 2008 a généré un budget global de 763 millions de dollars. Le pionnier de la communication est le Maroc (30 ans d'existence), il représente 63,5% du marché global du Maghreb, l'Algérie, (10 d'existence) vient en 2e position avec 23,5% et la Tunisie, (20 ans d'existence) avec 12%. Si le marché de la communication au Maroc a atteint une certaine saturation, les marchés tunisien, et notamment algérien indiquent un potentiel de croissance appréciable. Sur le marché interne, l'investissement publicitaire global a atteint pour la même année 12,9 milliards de dinars hors taxes, répartis comme suit : 39% pour le petit écran, 35,1% pour la presse écrite (dont 93,6% pour les quotidiens), 16,1% pour l'affichage et enfin, 9,8% pour la radio. La part du lion va au secteur des télécommunications avec plus d'un tiers du marché global, 38,6% (en baisse de 8,9% par rapport à 2007). Deuxième secteur, l'alimentaire : 28,8%. L'automobile affiche un modeste 7,9%, malgré une extraordinaire croissance de 49%, pour l'année 2008. Le dernier quart est partagé entre les produits d'entretien ménager (7,2%), produits d'hygiène (7,2%) et autres secteurs, (10,3%). Pour les annonceurs, les 10 premiers, à eux seuls, représentent près de la moitié de l'investissement publicitaire global (45%). En tête des IP, Orascom Télécom Algérie, avec 1 871 600 000, 00 de DA (un milliard huit cent soixante et onze millions six cent mille dinars), 2e Watanyia Télécom Algérie, 926,1 millions de DA. ATM Mobilis, 861,1 millions de DA. Cevital, 569,9 millions de DA. Hyundai Motor Algérie, 482,2 millions de DA. Nissan Algérie, 287,7 millions de DA. Toyota Algérie, 219,1 millions de DA. Danone Algérie, 213 millions de DA. Henkel Algérie, 194,7 millions de DA. Renault Algérie, 192,7 millions de DA. La logique des IP par secteur est pratiquement respectée, avec la téléphonie et Internet, en tête du peloton, avec cependant, comme un trouble-fête (Cevital), en pole position dans ce hit- parade (2e IP – Télévision, + 77% pour 2008), qui s'en va déclasser, tous ces fabricants de bolides. Une fort belle manière d'afficher ses traditions de communicateur et ambitions à court et moyen terme. Internet, du plomb dans l'aile Ça ne veut pas décoller ! Nous sommes exactement à mi-chemin de la norme pratiquée dans le monde. C'est-à-dire, 10,4%. La moyenne mondiale est de 20,9%. Nous sommes encore loin de ce qui se fait à côté, chez nos voisins maghrébins. 17% en Tunisie et 21,3% au Maroc. Nous comptons 3 500 000 internautes et 250 000 abonnés ADSL. (l'IPI, Investissement publicitaire Internet en Algérie a connu une croissance extraordinaire de 300% pour le 3e trimestre 2008 par rapport à la même période en 2007).Malgré un tel engouement et tout le tintamarre médiatique, il n'est toujours pas aisé, dans la vraie vie, d'obtenir une connexion Internet. Quand le problème n'est pas dû à la ligne fixe, il se trouve souvent lié à la carence des relations techniques entretenues entre les deux prestataires d'Internet. Chacun accusant l'autre de frein ! Qui a tort, puisque personne n'a raison ? Apparemment, le monde des TIC en Algérie gagnerait d'abord à se débarrasser de ses TOC, (troubles obsessionnels compulsifs) ! Maurice Edmond, biographe 1872-1956, disait : “Dans le mieux, il est difficile de faire mieux ; mais dans le pire, il est toujours facile de faire pire.” À nous de choisir… R. L. *Les chiffres sont tirés du bilan 2008 de Sigma Conseil.