Deux milles sites publicitaires ont été mis en adjudication à travers les 57 communes de la capitale. L'opération, la seconde du genre à Alger, consiste à céder pour trois ans des espaces publicitaires en milieu urbain à des professionnels en contrepartie de la mise en place d'un ensemble de mobilier urbain au profit des collectivités locales. Par mobilier urbain, les organisateurs de cette opération entendent la rénovation des kiosques multiservices qui existent déjà, des abribus, des vespasiennes, des bancs, etc. L'ouverture des plis, prévue pour ce samedi, a finalement été ajournée pour le 23 mai. Pour expliquer la prorogation de ce délai, de 10 jours, le motif avancé par Mme Slimani, la directrice de l'administration du contrôle de la gestion et de l'informatique à la wilaya d'Alger, est de permettre aux adjudicateurs de mieux présenter leurs offres. Selon Mme Slimani, des opérateurs intéressés par ce marché avaient demandé des « éclaircissements » sur le fond de l'opération. Ce qui leur a été évidemment fourni. Notons par ailleurs que ceux-ci avaient largement le temps pour s'y préparer, car ils disposaient d'un délai de 60 jours à partir de la date du lancement de l'avis. On n'en saura pas plus à ce propos. Alger est actuellement répartie, suivant le dispositif mis en place, en 5 zones différentes en ce qu'elles représentent comme intérêt publicitaire réel. La nature de l'affichage : fixe, déroulant ou mobile est décidée en fonction du potentiel que recèlent les zones en question, expliquera la DACGI. L'adjudication des espaces se fera pour une durée de 3 ans ferme, reconductible pour dix ans, si l'opérateur s'engage à créer en Algérie une unité de production de mobilier urbain comme l'énonce le cahier des charges. Cette disposition vise, selon Mme Slimani, à parer au déficit en la matière, « car, dit-elle, nous n'avons pas ce type d'activité dans notre pays ». Le cahier des charges contraint également l'opérateur à présenter un prototype du produit mobilier à installer pour faire valider son offre. Une précaution dont l'objectif est de vérifier la qualité du produit fourni qui « saura durer dans le temps et répondra aux besoins », selon les termes de Mme Slimani. « Les auteurs des offres, affirme-t-elle, sont pour la plupart des agences de communication, associées pour la circonstance à des partenaires étrangers spécialisés en fournitures ou la production de mobilier urbain ». Les sites publicitaires de substitution (au nombre de 2000 actuellement), s'il viennent à être exploités représenteraient incontestablement une manne importante et une source de financement pour des collectivités locales asphyxiées par les difficultés budgétaires. 10 200 da est le coût de la location de 1 m2 d'espace publicitaire, nous informera la DACGI d'Alger. Les opérateurs sélectionnés devront aussi s'acquitter d'une redevance qui sera versée à la commune, assure la responsable. Cette initiative de la wilaya d'Alger saura-t-elle pour autant mettre de l'ordre dans un secteur voué à l'anarchie du fait de l'inexistence d'un texte national réglementant l'affichage publicitaire ? Les seuls textes qui existent, deux arrêtés du wali d'Alger, le premier datant de mai 2005, ne comblent assurément pas toutes les déficiences caractérisant le secteur. Anarchie dans l'affichage, parfois agressif et même dangereux - il a été relevé à ce titre que certains bâtiments qui se sont effondrés lors du séisme du 21 mai 2003 l'ont été surtout du côté où la bâche publicitaire était accrochée. Les conventions signées avec les propriétaires ou les locataires d'immeubles excluent le plus souvent les collectivités locales alors que les façades des bâtiments relèvent du patrimoine de l'Etat. Rappelons par ailleurs qu'une première opération du genre a été initiée au mois d'août de l'année dernière et touchant 51 communes de la capitale où il était question de la mise à la disposition des communes de 350 abribus, 60 vespasiennes et 70 kiosques multiservices. Pour Mme Slimani, il ne s'agit nullement d'un débardage de l'Etat de certaines de ses missions mais plutôt d'une tentative de « rentabiliser l'espace urbain ». « Tout le monde s'y retrouve », conclura Mme Silmani.