Les exportations hors hydrocarbures enregistrent une baisse au cours du mois de janvier 2009 : 96 millions de dollars, contre 163 millions de dollars durant la même période de 2008, soit une chute de 41%, indiquent les statistiques douanières. Les exportations hors hydrocarbures, en 2008, ont atteint 1,89 milliard de dollars, soit 2,42% du volume global des exportations. Elles sont constituées essentiellement de produits dérivés des hydrocarbures (ammoniac, huiles et autres produits provenant de la distillation des goudrons, hydrogènes, hydrocarbures cycliques), de phosphates et de déchets ferreux et non ferreux. Ces derniers produits ont permis à l'Algérie d'engranger 272 millions de dollars en 2008. La tendance s'est inversée depuis six mois. Les ventes de déchets ferreux et non ferreux ont subi une chute à partir de septembre de l'année dernière en raison de la crise financière qui a affecté la sidérurgie dans le monde. Au cours des quatre derniers mois 2008, elles ont rapporté seulement 18 millions de dollars, contre 83 millions de dollars au cours de la même période de 2007. 90% des exportateurs à l'arrêt : 40 000 emplois menacés En revanche, au cours des huit premiers mois, elles étaient de l'ordre de 256 millions de dollars pour seulement 92 millions de dollars durant les huit premier mois de 2007. La tendance est donc à une chute des exportations de déchets et non ferreux. “Les clients à l'étranger n'achètent plus de déchets ferreux et non ferreux”, rapporte un exportateur. Pour un membre de l'association des exportateurs de déchets ferreux et non ferreux, 90% des exportateurs sont à l'arrêt. Du coup, 40 000 emplois sont menacés. Les ports de Dellys, de Ténès ont connu une diminution significative de leurs activités à cause de la baisse de ces exportations. Cette filière connaît une baisse des prix estimée à 60%, en raison de la chute de l'euro. Après un préjudice de 1,5 milliard de dollars, le blues de la mafia du cuivre À noter qu'une partie de ce flux de marchandises pose problème. Car il provient d'un pillage à large échelle de câbles de lignes téléphoniques, électriques, d'installations de chemin de fer. Ce grand trafic, qui avait été découvert au début des années 2000, se poursuit. Puisque la presse continue de rapporter soit des cas de pillage de câbles, soit des saisies de quantités de cuivre destinées à être exportées illégalement. Ce trafic porte sur des fausses déclarations de valeur, de poids et d'espèce en douane. Technique utilisée : on déclare des conteneurs de 4 à 5 tonnes alors qu'il s'agit de quantités de 19 à 25 tonnes de marchandises par conteneur. On déclare aussi la tonne de cuivre à dix fois moins son prix. Cette fraude de grande ampleur visait à organiser la fuite de capitaux. Trois mille dossiers ont été constitués et présentés à la justice sans que les barons de l'export du cuivre soient inquiétés, ajoute une source sûre. Suivant la réglementation bancaire, les exportateurs ont un délai de quatre mois pour rapatrier les devises. Cet argent n'a pas été récupéré. Le préjudice au Trésor est de l'ordre de milliards de centimes, soit plus de 1,5 milliard de dollars, rapporte la même source. En définitive, ces exportations de déchets ferreux et non ferreux ont dopé les exportations hors hydrocarbures durant des années. Elles appellent à un plus grand contrôle et une plus grande coordination pour juguler le trafic. Et à une industrie de transformation sidérurgique qui puisse absorber ces quantités de déchets ferreux et non ferreux. Le reste dépend de la mise en œuvre d'une politique de diversification des hydrocarbures. En attendant, la crise financière mondiale, touchant en particulier les secteurs de la sidérurgie et de la pétrochimie, conduisant de façon générale à une baisse de la consommation dans le monde entraînera vraisemblablement une chute des exportations hors hydrocarbures du pays en 2009.