La seconde moitié du sondage a abordé des sujets aussi divers que les médias spécialisés, la mal-vie des jeunes en passant par les solutions préconisées pour annihiler le phénomène de la violence dans les stades. Il s'est avéré que la presse sportive est désignée par beaucoup comme “coupable” d'incitation à la violence. Près de la moitié des sondés (48,1%) sont d'accord avec le fait que “la presse sportive incite à la violence par la publication d'articles subversifs”, et ce sont plus ceux du centre du pays (58,7%) qui sont de cet avis. Les sondés de la région ouest ont été les plus nombreux à ne pas avoir d'avis tranché sur cette question. Ce qui peut être expliqué par plusieurs points dont l'importance est loin d'être négligeable. Ainsi, il faut savoir que les journaux de la presse sportive, arabophone ou francophone, sont tous imprimés à Alger. Ensuite, on envoie les journaux vers les villes de l'Est et de l'Ouest par route. La différence de traitement entre les deux côtés du pays est établie sur des critères de lectorat et d'engouement. Ce sont les villes de l'Est qui sont les mieux loties, essentiellement Sétif et Bordj Bou-Arréridj. Une “préférence” qui n'a rien à voir avec le régionalisme, mais plutôt avec les résultats des clubs de la région. L'ESS et le CABBA ne cessent de susciter l'enthousiasme de leurs fans depuis plusieurs années. Par contre, du côté ouest, la situation de ses équipes en dit long sur sa “mise à l'écart” du monde de la presse spécialisée. Il suffit de se pencher sur la liste des clubs de l'élite pour remarquer que sur les 17 formations les composant, il n'y a qu'une seule équipe de l'Ouest (et 7 de l'Est), et qui est loin d'avoir la même aura que le MC Oran ou encore le WA Tlemcen, en l'occurrence le MC Saïda. Une statistique qui peut à elle seule expliquer le peu d'impact de la presse sportive sur les fans de la région. En revenant aux articles de la presse sportive, il faut avouer que personne ne pourra nier l'effet qu'elle a sur les supporters, comme d'ailleurs sur les joueurs et les dirigeants des clubs. Les éditions d'avant-match, surtout celles devançant les derbies et les rencontres chocs, sont souvent émaillées par des unes donnant plus l'air qu'il s'agirait de batailles que de parties de football. Sanctionner la violence dans les stades par le huis clos est loin d'être une solution pour les sondés. 65,5% parmi eux l'ont affirmé. Une majorité à laquelle les faits donnent raison. Depuis plusieurs années, le huis clos a été à plusieurs reprises utilisé pour sanctionner les supporters de certains clubs, mais les résultats ont été loin de ceux escomptés. Dès que les tribunes rouvrent, la violence reprend sa place au moindre faux pas du club supporté. Y aura-t-il un arrêt à ces violences dans les stades et en dehors ? L'espoir semble inexistant pour la majorité des sondés. 63,6% disent qu'il ne faut pas s'attendre à un changement. Ce qui s'est passé ces dernières années ne peut que renforcer leur réponse. Rappelons-nous, l'épisode du club de Boussaâda et d'El-Harrach, lors des deux dernières saisons, en sont les meilleures illustrations. Petit rappel des faits : l'ABS s'est retrouvée reléguée en division inférieure à la fin de la saison 2006-2007 de la superdivision. Après des manifestations violentes des supporters dans la ville même pendant plusieurs jours, la FAF avait décidé de répondre “positivement” à leurs revendications illégitimes et, donc, le club a été maintenu (notons que la saison d'après, il a été classé dernier et, cette fois, il n'a pas été sauvé). Pour l'USMH, son histoire avec le RCK la saison dernière restera sans aucun doute dans les annales comme l'exemple type de la stupidité. On retiendra surtout que des supporters d'un club ont réussi à faire peur à une ligue et à une fédération et ont pu faire accéder leur club qui n'en avait pas le droit. Ainsi, la violence a été au moins à deux reprises fructifiantes et on s'attendait même à un autre exemple dans la même lignée la saison passée, quand les fans du MCO ont saccagé Oran pour demander que leur club ne rétrograde pas. Heureusement dans ce cas, l'éthique sportive a été respectée. Il n'en demeure pas moins que le sondage vient confirmer ce que beaucoup d'observateurs affirment depuis plusieurs années : l'urgence de revoir de fond en comble la politique appliquée pour le sport roi. 34,8% des sondés pensent, de leur côté, que l'installation de vidéosurveillances pourrait être une solution pour contrer la violence dans les stades, alors que les 65,2% restants ont opté pour des solutions aussi diverses que l'éducation, l'interdiction aux moins de -16 ans d'entrer dans les stades ou encore l'utilisation d'affiches de sensibilisation. L'avant-dernière question du sondage concernait la relation entre la violence dans les stades et “le vécu amer des jeunes”. La réponse était sans surprise avec 74,4% de “oui”. Au bout de cette enquête, il était question de connaître l'“attitude” des sondés devant la violence “à la sortie des stades”. La réponse la plus répétée, à 37,5%, a été “ça me rend nerveux, désolation”. Une façon d'afficher son impuissance devant une situation qui n'a pas lieu d'être et qui semble dépasser tout le monde. Beaucoup affirment que le come-back de Raouraoua à la tête de la FAF pourra assainir le football mais quels que soient ses efforts, il ne pourra pas dépasser les colmatages de brèches si d'autres “forces” ne se mettent pas en branle pour “faire le ménage”. S. K.