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Le langage de la rue, l'absence de professionnalisme et la violence dans les stades Séminaire sur “L'information sportive et l'éthique professionnelle”
Un séminaire sur “L'information sportive et l'éthique professionnelle” a été organisé, jeudi dernier à la salle El Mouggar, par M. Azzedine Mihoubi, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la communication. Cette journée de travail, qui a vu la participation de M. Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports, ainsi que M. Mohamed Mecherara, président de la Ligue nationale de football, a abordé la problématique générale de l'information sportive et les divers aspects de son rôle dans la prévention de la violence. D'emblée, M. Azzedine Mihoubi a souhaité bonne chance à la sélection nationale de football pour son prochain match face à la Zambie. “Notre espoir aujourd'hui est de voir l'équipe nationale qualifiée pour le Mondial ainsi que la CAN 2010”, a-t-il affirmé avant de revenir sur le thème consacré à cette journée d'étude. “La presse sportive est devenue la locomotive de certains titres de la presse et influe sur certains événements. Je ne vous apprends rien : le sport et le football sont devenus importants dans la vie courante du citoyen. Preuve à l'appui : 14 titres sportifs sans parler des quotidiens dont la plupart consacrent de grands espaces pour le sport, particulièrement le football, sont dans les kiosques. Cela prouve que l'événement sportif en Algérie ne s'arrête pas.” Si M. Mihoubi s'est réjoui de la diversité et la présence de dizaines de titres de journaux sportifs, en revanche, le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la communication, a constaté avec beaucoup d'amertume le manque de professionnalisme chez certains titres de la presse sportive nationale. “Avec tous mes respects à mes amis journalistes, je dois vous dire que la presse écrite sportive manque de professionnalisme et de formation en même temps. Ce sont des amateurs qui utilisent la langue de la rue ou usent d'un langage qui n'a rien avoir avec l'éthique de la profession. Et pour mettre un terme à ce genre d'écrits dont les conséquences peuvent entraîner des problèmes et même de la violence dans les stades, les responsables et autres directeurs de cette presse doivent impérativement intervenir.” Et d'enchaîner : “Je suis désolé de le dire, mais la réalité est là : il y a un manque de professionnalisme chez certains journalistes entre guillemets. Ceux-ci usent du language des tribunes et des cafés dans leurs articles et cette pratique devenue monnaie courante n'a absolument rien à voir avec le journalisme. D'ailleurs, l'on comprend mieux les raisons ayant fait que le niveau régresse tellement.” Et pour que ce genre de “comportements” soient banni, M. Mihoubi a révélé que son ministère ne compte pas croiser les bras devant une telle situation. “C'est devenu normal qu'un correspondant ou bien un journaliste écrive des bobards ou bien rapporte des faits irréels. Je garde même certains articles que je qualifie d'irresponsables vu la gravité et les conséquences souvent fâcheuses qui peuvent en résulter. À mon sens, et en tant que représentant d'un ministère, on ne peut pas faire comme si de rien n'était. C'est de notre droit d'intervenir pour mettre un terme à ce genre d'écrits”, révèle-t-il. Selon le conférencier, même la presse télévisuelle n'a pas avancé d'un iota : “La presse télévisuelle continue à conserver le même style au lieu d'essayer de moderniser les outils de l'information ou bien diversifier ses programmes sportives. La radio n'est pas en reste. J'ai eu par le passé à intervenir et même arrêter des émissions de radio justement à cause de certaines choses qui n'ont rien à voir avec la déontologie du journalisme. Notre rôle est de présenter un service, pas plus.” Pour ce qui est du fléau de la violence, M. Mihoubi indique que la presse sportive a une part de responsabilité par rapport à ce qui se passe dans les enceintes sportives. “C'est vrai et on ne peut pas le nier. Des journaux spécialisés utilisent des titres violents. Je le dis haut et fort : la presse sportive a une part de responsabilité par rapport au phénomène violence qui a pris de l'ampleur dans les stades. Certains dirigeants dont les déclarations à travers les colonnes de presse sportives alimentent souvent la violence.” Poursuivant son discours, M. Mihoubi a affirmé que plusieurs paramètres encouragent davantage l'irrespect de la déontologie du métier mais aussi alimentent le fléau de la violence : “Il n'y a pas un discours éducatif entre les parties concernés. De plus, il faut que les journalistes sportives et autres responsables respectent la discipline sportive.” Enfin, M. Mihoubi a annoncé la mise de trois ateliers chargés de faire des propositions pour trouver des solutions adéquates. “La formation des journalistes d'élite en sport et la collaboration entre les médias et les instances sportives sont à mon avis primordial pour que le phénomène violence soit éradiqué”, conclut-il. Djiar : “De 2004 jusqu'à 2008, la violence dans les stades a causé la mort de quatre personnes !” Ensuite, ce fut au tour du ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar, de prendre la parole. Tout en insistant sur le rôle important de la presse sportive pour le développement de la balle ronde nationale, M. Djiar n'a pas manqué de rappeler la nécessité de mettre un terme au phénomène violence. “Il est vrai que quelque part la presse spécialisée a une part dans ce qui se passe dans les stades, mais c'est une affaire qui concerne tout le monde y compris l'école et les clubs. En effet, les dirigeants et autres responsables doivent mettre la main à la pâte pour éviter le drame dans les stades. D'ailleurs, je peux vous révéler que de 2004 jusqu'en 2008, la violence dans les stades a causé la mort de quatre personnes et 806 blessés. Certes, le chiffre n'est pas alarmant, mais ce sont des décès de trop. C'est pour cette raison que nous devons tous œuvrer dans le seul et unique objectif, éradiquer ce fléau de nos stades”, déclare-t-il avant d'enchaîner : “La presse sportive est partie prenante du peloton de l'éducation et son rôle est de sensibiliser les supporters. Vous savez, le football n'est qu'un sport. C'est pour cela que cette discipline ne doit jamais sortir de son cadre à caractère éducatif”. En outre, M. Djiar appelle les journalistes, notamment sportifs, à respecter l'éthique. “Le journaliste ne doit pas agir en solitaire. Avant de rapporter quoi que ce soit, il doit d'abord vérifier la véracité de l'information. Il est vrai que le métier noble de journaliste est difficile, mais ils doivent respecter les lois de cette noble profession.” Mecherara : “Les joueurs de l'EN vont participer à une campagne antiviolence” Présent lors de ce séminaire, le président de la Ligue nationale de football, M. Mohamed Mecherara, a annoncé que les joueurs de la sélection nationale vont participer à une campagne anti-violence en vue de mettre un terme à ce fléau. “En tant que représentant d'une instance footballistique, je ne peux que condamner tout ce qui se passe actuellement dans les stades. La violence est un phénomène universel. Et en tant que responsable, on ne peut pas rester les bras croisés. D'ailleurs, je tiens à vous révéler que des tournages de spots et autres publicités sont en cours justement pour que la violence ne sévisse plus dans nos stades. Ce sont les joueurs de l'équipe nationale qui vont participer à cette campagne anti-violence”, précise t-il.
