Selon un document officiel de l'APW de Boumerdès, sur les 737 lots de terrain attribués depuis 20 ans seuls 436 projets ont été réalisés mais seulement 70 ont pu démarrer leurs activités soit un taux de 20%. En dépit de l'existence depuis 1990 de plus de 22 zones d'activité et d'un littoral des plus merveilleux, le chômage fait rage au niveau de la wilaya de Boumerdès. Il a atteint dans certaines communes de la wilaya de Boumerdès plus de 20,12% comme à Benchoud (Dellys) soit le double de la moyenne nationale ou 19% à Issers ou encore 17,74% à Khemis El-Kechna, 16,10% à Dellys, 15,99 à Ouled Heddadj, 14,56 à Legata (chiffre officiel de la direction de l'emploi de Boumerdès pour l'année 2008). Et paradoxalement, c'est dans les localités équipées de zones d'activité que le chômage est plus important et plus visible même si la moyenne au niveau de toute la wilaya est estimée à 13,14%. Mais où nous en sommes avec ces zones d'activité dont 14 sont censées être gérées par l'AGF et 8 par Gestibo, et dont la plupart ont été créées dans les années 1990 et certaines en 1982 comme celle de Dellys. Selon un document officiel de l'APW de Boumerdès, sur les 737 lots de terrain attribués depuis 20 ans seuls 436 projets ont été réalisés mais seulement 70 ont pu démarrer leur activité soit un taux de 20%. Certaines zones d'activité ont été carrément transformées en zones d'habitation et certains lots ont été détournés de leur vocation initiale en toute impunité comme c'est le cas des trois zones d'activité de Bordj Menaïel. Un lot de 1880 m2 censé abriter une usine de carreaux a été utilisé pour la construction d'une salle des fêtes ou un autre lot de 2000 m2 destiné pour une usine de serrures et qui abrite aujourd'hui un café restaurant. À Taouergua, c'est toute la zone d'activité créée en 1987 qui a été détournée de sa vocation puisque les 5,2 hectares censés recevoir 25 projets d'investissement ont été utilisés dans l'urgence pour l'implantation d'un site de chalets pour sinistrés du séisme du 21 mai 2003. Mais les chalets abritent aujourd'hui des cas sociaux alors que les 25 investisseurs qui disposent d'actes de propriété depuis longtemps et dont onze d'entre eux sont passés par le Calpi (Comité d'assistance locale et de promotion de l'investissement) attendent toujours. À Naciria, c'est tout la zone d'activité de près de 5 ha créée en 1989 qui a été squattée par un exploitant agricole qui revendique la propriété de tout le site. L'affaire est pendante au niveau du tribunal de Boumerdès depuis mars 2008. Les 20 investisseurs qui ont payé leurs lots de terrain sur ce site doivent prendre encore leur mal en patience. Le même problème se pose à Beni Amrane où 18 lots de terrain sur les 31 existants depuis 1989 n'ont pas été encore attribués à cause d'un litige opposant la commune à un propriétaire privé. Et même sur les 13 lots attribués seuls huit ont reçu des projets d'investissement. À Dellys, c'est le paradoxe. Une immense usine de fabrication de film agricole construite à coups de milliards de DA depuis plus de 25 ans est aujourd'hui bloquée à cause d'un litige opposant la commune à des propriétaires privés (voir article encadré). À Souk El-Had, un investisseur a acquis depuis plus de 18 ans une assiette de 54 450 m2 pour construire une usine de fabrication d'articles en cuir mais cet investisseur qui a pourtant disposé de toutes les facilités n'a déposé le permis de construire que depuis un mois soit après avoir été menacé d'une mesure de déchéance prise par le directeur de l'Agence foncière de la wilaya de Boumerdès (AGF). Les exemples de ce type sont nombreux mais depuis quelques mois et de nombreux investisseurs ont été mis en demeure de démarrer leurs projets. Une commission d'enquête a même été diligentée depuis un mois par le wali de Boumerdès et bientôt elle va rendre ses conclusions. Selon nos informations, les résultats de ce travail approfondi mené pour la première fois depuis 20 ans va apporter son lot de surprises. Du faux investisseur à celui qui n'a pas payé son terrain depuis 20 ans en passant par les investisseurs gourmands qui ont squatté les terrains de leurs voisins. Bref, tout y est. C'est l'anarchie bien qu'un organisme existe pour gérer les zones d'activité et les zones industrielles. Cet organisme s'appelle Gestibo (Société de gestion immobilière de Boumerdès) qui a succédé au défunt EGZIB depuis 2004. Gestibo est en fait une SPA dont le siège se trouve à Boumerdès mais il aurait changé, à plusieurs reprises de résidence. Mais le paradoxe est que cet organisme est totalement méconnu aussi bien par les administrations, les APC que par les investisseurs eux-mêmes. Pas de téléphone ni de fax. Une feuille 21x27 écrite au stylo et collée à la hâte à la porte fait office d'enseigne de la SARL. Bizarre pour un organisme censé remuer l'économie algérienne. Son directeur général nous a exigé un ordre de mission et une lettre pour pouvoir parler à condition d'avoir l'accord de ses supérieurs. Mais une fois les documents remis. Il nous donne une réponse évasive signée par le DAF “nous sommes sous tutelle du ministère de la Participation et de la Promotion des investissements”, dit-il. Sans autre explication. L'on sait que, selon un document de l'APW, seuls 35 projets relevant de Gestibo sont opérationnels sur les 162 existants et que la plupart des sites sont dépourvus d'eau, de gaz, de téléphone et de viabilisation. Les 14 autres zones d'activité sont administrées par l'agence foncière de Boumerdès dont sept sont héritées de quelques communes de la wilaya depuis 1990. Sur les 172 projets recensés au niveau de ces zones seuls 34 sont en activité soit à peine 19% alors que les projets non lancés sont de l'ordre de 102 tandis que 18 sont achevés mais non opérationnels. Pourquoi tant de projets non démarrés depuis des années. Le directeur général de l'AGF, M. Hafsi Rabah, énumère plusieurs raisons parmi elles, le problème des changements d'activité et l'absence de moyens financiers chez la plupart des investisseurs. “Certains d'entre eux n'ont pas d'apport personnel et comptent sur les banques pour construire leurs unités”, affirme M. Hafsi qui tient à préciser que l'AGF n'a pas pour mission de gérer les zones d'activité, mission qui relève de Gestibo mais le rôle de l'AGF, dit-il, est d'installer sur site l'investisseur et de le viabiliser. M. T.