Parmi les 172 projets inscrits au titre du plan de relance des zones d'activités et de dépôt (ZAC) gérées par l'agence foncière de la wilaya de Boumerdès, seuls une cinquantaine sont achevés. Le reste est partagé entre des projets qui n'ont pas pu être entamés (102) et d'autres bloqués à différents niveaux d'avancement des travaux. C es chiffres, communiqués dernièrement par l'agence de l'emploi de Boumerdès, renseignent sur l'impossibilité de concrétiser les promesses des responsables de la wilaya consistant en la création d'une zone d'activité dans chaque commune. Pis, des dizaines d'entreprises implantées au niveau des zones d'activités fonctionnelles ont dû fermer leurs portes depuis plusieurs années. Ces zones, dont le nombre dépasse la quinzaine aujourd'hui, peinent à amorcer la dynamique de développement tant attendue par la population. Dans la majorité des communes de la wilaya, les zones d'activités connaissent des blocages et d'inextricables problèmes. A Baghlia, la zone d'activité a été créée en 1986. Elle s'étend sur une superficie de 30 ha et connaît un grand retard en matière d'investissement « à cause notamment des actes de propriété de terrains, qu'une dizaine d'investisseurs réclament encore pour de se lancer dans l'activité ». Ledit document est devenu un véritable enjeu dans ces dossiers qui tendent à virer à la spéculation foncière. Si certains le réclament pour entamer leur activité ou construire leurs unités, d'autres voudraient l'avoir juste pour prendre possession des assiettes foncières et, éventuellement, les détourner de leur vocation initiale. « Ici, sur la trentaine de petites et moyennes entreprises programmées, huit uniquement sont en activité », nous dira le vice-président de l'APC de Baghlia. La même situation prévaut dans la commune voisine de Naciria où la zone d'activité, qui regroupe une dizaine d'unités, est en souffrance. Là aussi, les projets prévus ne sont pas encore concrétisés sur le terrain. « Parmi les dix entreprises de la zone, trois uniquement sont fonctionnelles. Les 15 hectares réservés pour l'implantation d'unités industrielles, ne sont pas tous exploités », apprend-on auprès d'un responsable local qui ajoute qu' « une partie de cette surface est exploitée illicitement par un particulier ». Dans la commune de Si Mustapha, le P/APC nous dira que pas moins de dix projets prévus au niveau de la zone de sa localité ne sont pas encore lancés. « Certaines unités n'ont pas pu ouvrir leurs portes à ce jour, tandis que d'autres ne sont pas encore construites à cause de « l'incapacité » des acquéreurs du terrain d'y investir », affirme notre interlocuteur qui signale avoir « annulé deux décisions d'investissement suite à ce problème ». Dans ce cadre, il est à souligner que dans la plupart des cas, les « investisseurs » ne s'engagent que pour acquérir le terrain, lequel ne sera jamais exploité. Sur ce, un responsable proche du dossier, note que « les investisseurs présentent des dossiers qui sont souvent non conformes au cahier des charges et le plan d'occupation du sol (POS), mais aucun service ne daigne annuler le contrat de cession du terrain pour l'affecter à d'autres investisseurs ». Cet exemple s'applique aussi à la zone d'activité prévue dans la commune de Souk El Had où « l'acquéreur des 5 hectares de terrain n'a rien entrepris pour l'instant pour installer les unités prévues, malgré le contrat de cession du terrain qui remonte à 1995 », indique le P/APC. Idem pour la commune de Thenia où la zone d'activité a été créée en 2000. Le problème « est dû à l'opposition des directions de l'environnement et de l'hydraulique pour la non-conformité du projet avec les études d'impact », nous dit le P/APC. Dans d'autres communes, comme Khemis El Khechna, ce sont les entreprises fermées après des années d'activité qui posent problème. Ici, « au moins une vingtaine d'entreprises parmi les 48 unités que compte la zone d'activité sont fermées », nous dit un responsable local. En somme, dans cette wilaya tout le monde parle de la nécessité de relancer les entreprises fermées, vu leur apport dans l'absorption du chômage qui frappe de plein fouet la région. Dernièrement, on a dépêché une commission d'enquête pour s'enquérir de la nature des blocages que connaissent les zones d'activités de la wilaya. Cependant, du côté des élus on affiche un scepticisme total quant à l'aboutissement de ces enquêtes. Ces derniers rappellent que « des mises en demeure ont déjà été adressées à des investisseurs ayant fait des retards dans le lancement de leurs projets, mais qui sont restées lettre morte à ce jour ».