Sans consolidation des programmes de développement socioéconomique qui permettront de maintenir les populations sur place dans le Sahel, il est quasiment impossible d'éviter les émigrations qui ont existé depuis la nuit des temps. L'Europe revient à la charge sur le dossier de l'immigration clandestine, oubliant ses engagements et ses promesses faites le temps d'une cérémonie ou d'un sommet en accusant les pays du Maghreb de complicité dans le développement de ce phénomène. Le vieux Continent rejette à nouveau ses responsabilités et estime que la rive sud de la méditerranée doit s'en tenir à une approche strictement sécuritaire. C'est un vieux débat qui revient sur la scène politico-diplomatique. Les pays d'Afrique du nord ont déjà fait leurs propositions quant au règlement de ce fléau qui tend à prendre de l'ampleur. Sans consolidation des programmes de développement socioéconomique qui permettront de maintenir les populations sur place dans le Sahel, il est quasiment impossible d'éviter les émigrations qui ont existé depuis la nuit des temps. Le verrouillage de la politique des visas, qui symbolisait la fermeture de l'espace européen aux peuples du sud, et ce, en usant et abusant de plusieurs prétextes aussi fallacieux les uns que les autres, a considérablement aggravé le flux de l'immigration clandestine au point de créer, en Algérie par exemple, le phénomène des harragas. La recherche d'une vie meilleure pousse des centaines de jeunes à tenter l'aventure même au péril de leur vie. Ceux-là, l'Europe les refoule. Mais elle ne se gêne pas de mettre en place même une stratégie en faveur des cadres du sud en organisant une “immigration sélective” qui sert, bien entendu, ses intérêts. Les pays du sud, qui ont refusé l'installation de centres de transit tel que souhaité par l'UE, continuent de revendiquer une aide au développement qui passe par le transfert des technologies. Cette revendication est différemment appréciée ; la majorité des pays de l'UE voient dans les pays du Maghreb seulement une zone d'écoulement de leurs marchandises, alors que d'autres considèrent que l'avenir de l'UE est dans l'investissement dans les pays de l'est. Ainsi, dans cette guerre d'intérêts stratégiques pour la survie du vieux Continent face au retour de la grande Russie et l'émergence de l'Asie, le sud se retrouve cloisonné et contraint de payer les frais d'une facture qu'il n'a pas commandée.