Les forces de sécurité malgaches ont affiché leur unité pour rétablir l'ordre dans le pays, réclamant une solution politique à la crise majeure entre le président Marc Ravalomanana et le maire destitué d'Antananarivo Andry Rajoelina, un ex-DJ milliardaire qui a joué avec brio sur les déceptions multiples des Malgaches. Le chef de l'Etat, en perte de vitesse, a encore donné la priorité au rétablissement de la sécurité et de la paix sociale dans la grande île de l'océan Indien en appelant pour la énième fois ses opposants au dialogue. L'armée qui craint une guerre civile menace d'intervenir directement. “Nous travaillons avec le nouveau chef d'état-major de l'armée et avec la Police nationale pour la résolution de la crise, parce que les forces armées constituent un ensemble”, a annoncé le commandant de la Gendarmerie nationale malgache, le général Gilbain Pily. La veille de cette annonce, l'armée devait porter à sa tête un nouveau chef d'état-major André Andriarijaona pour remplacer celui nommé quelques semaines auparavant par le chef de l'Etat. Le ministre malgache de la Défense, le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, qui avait annoncé mardi dernier sa démission, est pour sa part revenu sur sa décision, pour, a-t-il dit, rétablir l'ordre, martelant que l'armée est “apolitique”, donc qu'il ne faut pas s'attendre à ce qu'elle s'immisce dans les affaires politiques. Mais cette neutralité est-elle possible dans un pays où la classe politique est non seulement divisée mais aussi fragmentée ? Sans compter les remous suscités au sein de l'armée. Un général de premier plan a condamné l'entrée éventuelle de mercenaires ou bien toute activité de mercenariat au sein des forces armées dans l'île, sans plus de précisions. Tous les regards sont dirigés sur les “assises nationales” qui devraient se tenir à Antananarivo pour tenter d'esquisser une sortie de crise négociée. Elles ont été reportées à plusieurs reprises après le refus de l'opposant Andry Rajoelina d'y participer et en raison aussi des incertitudes au sein de l'armée. Un climat insurrectionnel de l'armée s'était emparé de la capitale mais la situation a fini par être calmée. Elle peut néanmoins reprendre. Le conflit larvé opposant M. Ravalomanana à Rajoelina s'est transformé en crise ouverte mi-décembre. Depuis, Rajoelina, qui a été destitué de son mandat de maire par les autorités le 3 février, réclame la destitution du président et s'est proclamé en charge de la gestion du pays. Au moins une centaine de personnes sont mortes depuis le 26 janvier dans les violences qui ont émaillé ce conflit. Et une partie de l'armée ne serait pas en accord avec la résolution de neutralité observée par sa hiérarchie. Alors que la situation sur le terrain se retourne en défaveur du président Ravalomanana, ses partisans manifestent leur hostilité à l'égard de la France, accusée d'ingérence dans les affaires nationales et d'orchestrer le désordre par le biais de son ambassade. Cette dernière a été huée dans la capitale malgache et dénoncée comme étant coupable de menées néocolonialistes. D. Bouata.