Ira-t-il à son procès devant la justice française ? C'est la question qui va tarauder le prince du raï maintenant que le tribunal correctionnel de Bobigny a fixé, au 2 juillet, l'audience où le chanteur devra répondre de la tentative d'avortement forcé sur son ex-compagne française. Mami sera jugé pour “violences” ayant entraîné une incapacité totale de travail de 30 jours avec trois circonstances aggravantes (réunion, préméditation et faits commis sur personne vulnérable), “complicité d'enlèvement et séquestration”, “complicité d'administration de substance nuisible” et “menaces et intimidations pour ne pas porter plainte”. Il encourt jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende. Arrêté à sa descente d'avion et inculpé en octobre 2006, il avait été incarcéré trois mois à la prison de la Santé à Paris puis libéré après versement d'une caution de 200 000 euros. Placé sous contrôle judiciaire en France, il a pris la fuite alors qu'il avait promis une tournée hexagonale pour promouvoir son dernier album qui venait de sortir. Cette fuite lui a valu en mai 2007 un mandat d'arrêt international et Interpol a demandé, en janvier 2008, à l'Algérie de le livrer à la France. Lors de l'enquête, Mami s'est défendu en affirmant que l'idée du curetage venait de son manageur, Michel Lévy, un Breton aujourd'hui manageur de Faudel et d'autres artistes maghrébins. Mami nie avoir été présent dans sa villa algéroise où la victime, une photographe de presse, avait été droguée et séquestrée pour la faire avorter. Rentrée en France, la femme a constaté la viabilité du fœtus et a décidé de garder l'enfant, une fille née en mars 2006. Michel Lévy (Le Corre à l'état civil), est accusé de complicité présumée dans l'enlèvement, les violences et l'administration de substances nuisibles. Les deux autres personnes renvoyées devant le tribunal sont un proche de Mami, soupçonné d'avoir fait boire le jus de fruits drogué à la victime, et l'homme de main qui l'a acheminée à la villa du chanteur, à Alger, et qui a participé à la tentative d'avortement. Le chanteur avait noué une relation avec la photographe spécialisée dans le raï, lors d'une tournée en Egypte. Apprenant sa grossesse, elle en fait part au chanteur en lui annonçant son désir de garder l'enfant. Quelque temps après, elle était invitée à Alger. C'était l'été 2005. Accueillie à l'aéroport par un proche du chanteur et son manager, elle est conduite dans la villa de Mami. Et c'est là, selon ses accusations, qu'elle est droguée et séquestrée. Deux femmes et un homme de main ont pratiqué sur elle un curetage. Toujours, selon les déclarations de la victime, le chanteur était présent. Revenue en France, la photographe consulte un gynécologue qui lui apprend l'échec de la tentative d'avortement et la viabilité du fœtus. La photographe appelle alors le chanteur pour l'en informer. C'est ce qui deviendra, semble-t-il, la preuve accablant Mami. L'appel téléphonique passé en présence de policiers est enregistré. Mami hurle son incrédulité. “J'ai vu le sang, ils t'ont grattée ...” A. O.