Cette situation explique en partie pourquoi l'Algérie est fortement dépendante des importations. Le secteur de la sous-traitance n'est pas adossé à une véritable stratégie pour qu'il accomplisse son rôle dans l'économie nationale. C'est du moins, la conclusion à laquelle sont arrivés les opérateurs activant dans l'industrie, réunis hier à l'occasion d'une table ronde organisée au centre de presse du quotidien El Moudjahid. Même si la sous-traitance est sollicitée par tous les secteurs d'activité, il n'en demeure pas moins que son développement est encore insignifiant. Hormis quelques entreprises qui font appel à des PME pour sous-traiter certaines de leurs activités, à l'image de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), les groupes industriels publics ou privés continuent à s'assurer individuellement toutes les phases de production confondus d'inputs étrangers ou pire encore, ils optent pour les prestations des étrangers. C'est dire que les PME algériennes ne sont pas suffisamment associées. Ce qui est déplorable est que, comme l'a souligné le représentant de la HB Technologie, des sociétés étrangères ont obtenu des marchés en Algérie. Et pour satisfaire la commande, elles ont sous-traité, à leur tour, avec des PME algériennes ! Il faut reconnaître qu'une partie non négligeable des importations en pièces de rechange peut être fabriquée localement et avec la qualité requise. Il est vrai qu'il existe des pièces spécifiques nécessitant une qualification plus pointue. Or, cette exigence peut être satisfaite, tel que le suggère M. Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif de la PME, grâce à l'esprit entrepreneurial qui doit être développé. Une partie des plans de charge des entreprises doit être ainsi laissée aux PME sous forme de sous-traitance avec une préférence pour les sociétés locales. La société HB Technologie, raconte son responsable, a soumissionné pour un appel d'offres de carte à puce de santé Vital 2 en France. La réponse du donneur d'ordre est pour le moins qu'on puisse dire curieuse. “La fabrication de cette carte est réservée aux Européens !” Pis, voulant postuler pour la fabrication de la puce que contiendra cette carte et là encore, HB Technologie a reçu un refus catégorique. “C'est un opérateur français qui est désigné pour cela”… Ce genre d'attitude renseigne, si besoin est, sur le degré de patriotisme économique pour lequel recourent les Etats qui se revendiquent pourtant du libéralisme absolu. Présent à cette rencontre, M. Mokhtar Chahboub, P-DG de la SNVI, indique que son entreprise travaille avec 544 sous-traitants dont 347 des cas concernent les activités de production et 200 autres pour les services. Parmi ces sociétés, seules 33 relèvent du secteur public. La SNVI réalise elle-même une intégration de 40% et se délaisse de 60% des activités au profit de la sous-traitance. Selon le P-DG, on recensait 10 sous-traitants en 1980 et ils en sont actuellement à plus de 500. Les achats en importations en 1980 étaient estimés à 6 milliards de dinars, tandis que les produits réalisés localement sont d'un montant de l'ordre de 984 millions de dinars. En 2007, la SNVI a acheté de l'étranger pour une enveloppe de 7,8 milliards de dinars contre 3,4 milliards de dinars achetés localement, soit 30% des achats ont été effectués sur le marchélocal. Dans les trois années à venir, souhaite M. Chahboub, il est envisagé de porter ce taux à près de 50%. Au sein des pays développés, il est rapidement apparu un réel besoin de la fonction “traitance”. Aujourd'hui et partout dans le monde, chaque entreprise, qu'elle soit de service ou de production, se retrouve à l'intérieur d'une même période en qualité de donneur d'ordre et de sous-traitant. Pour rappel, en Algérie, au lendemain des réformes économiques, les pouvoirs publics avaient sollicité le Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) et l'Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) pour assister notre pays à la mise en place d'un réseau de Bourses régionales de sous-traitance et de partenariat selon le processus Onudi. Dès la mise en œuvre de la convention entre l'Etat, représenté dans une phase initiale par le ministère de l'Industrie et dans une seconde phase par le département de la PME, le Pnud et l'Onudi, il a été mis en place progressivement un véritable réseau de Bourses régionales de sous-traitance et de partenariat. Toutefois, l'évolution économique prévisible de l'Algérie, l'implication des différents ministères et institutions au profit de la mise à niveau des entreprises : petites ou grandes, privées ou publiques, sont un gage de réussite sous réserve d'utiliser toutes les voies possibles de développement. Badreddine KHRIS