Le gouvernement algérien veut dessiner une nouvelle stratégie de sous-traitance. Lors d'une conférence de presse animée hier au Hilton, le ministre de l'Artisanat et de la PME-PMI, Mustapha Benbada, a affirmé avoir proposé au gouvernement une nouvelle loi qui définirait les obligations des parties concernées par la sous-traitance ainsi que de mettre en place une agence pour le développement de la sous-traitance industrielle. Le gouvernement algérien, en coopération avec l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) et le programme pour le développement (PNUD) s'échinent à réanimer les bourses de sous-traitance dont certaines se sont trouvées asphyxiées après que l'Etat eut cessé de leur apporter une aide financière. Le gouvernement a ainsi décidé de réinjecter 5 millions de dinars pour chaque bourse de sous-traitance (il en existe quatre à travers le territoire national). « Après l'arrêt du financement dans les années 1990, il y a des bourses qui ont poursuivi leurs activités, d'autres qui ont eu des difficultés. Aujourd'hui, le gouvernement s'est engagé à financer ces bourses, sachant qu'elles ont joué un grand rôle – par leur propre initiative et avec peu de moyens – pour attirer les investisseurs », a affirmé hier M. Benbada. Le ministre algérien aspire à aller encore plus loin en étendant un tissu de sous-traitants sur tout le monde arabe. Lors de la conférence de presse animée conjointement avec le directeur général de l'Organisation arabe de développement industriel, Talâat Ben Dhafer, l'accent a été mis sur le fait que les gouvernements et hommes d'affaires arabes devraient laisser de côté leurs querelles politiques et se concentrer sur le renforcement du partenariat économique entre pays arabes. A entendre le directeur de l'organisation arabe, les obstacles à la coopération économique entre les pays arabes sont légion. « Il y a des écueils pour toute initiative économique entre les pays arabes », explique M. Ben Dhafer. « Il y a d'abord le problème de la langue, sachant que les pays du Maghreb utilisent surtout le français (…) tandis qu'il y a une clause de la Ligue arabe qui stipule que les marchandises doivent passer sans problème aucun par les pays arabes. Chaque pays arabe a exigé que ces marchandises aient ses normes particulières ». Bref, autant d'obstacles qui rappellent la fameuse sentence : « Les Arabes se sont entendus pour ne pas s'entendre ». Mais maintenant que les événements du 11 septembre ont changé la donne politique et économique (les investissements arabes se tournent plus vers le Maghreb et l'Asie), les pays arabes sont condamnés, d'après M. Ben Dhafer, à se serrer les coudes. C'est dans cette perspective que devra se tenir du 12 au 15 septembre à Alger le premier congrès et salon arabes de la sous-traitance industrielle. L'objectif de cette manifestation est, d'après le ministre de la PME-PMI, de promouvoir et développer la sous-traitance et le partenariat entre les pays arabes ainsi que de renforcer la compétitivité des PME. Ceci est d'autant plus important, aux yeux des deux conférenciers, que l'économie des pays arabes s'articule principalement sur les rentes pétrolières. Selon M. Ben Dhafer, l'économie des pays arabes est basée à 70% sur l'industrie extractive et seulement 11% sur les petites et moyennes industries. « Nos pays ne sont pas faits pour les grandes industries, aussi est-il préférable de concentrer nos efforts sur les petites entreprises », tranche M. Ben Dhafer. « Il n'y a malheureusement pas de centres de sous-traitance dans le monde arabe, sauf dans le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie). Il semble qu'on n'a pas encore mesuré l'importance des centres de sous-traitance dans le Proche-Orient. Nous voulions créer un centre arabe de sous-traitance, mais il y avait, là encore, trop d'obstacles », regrette-t-il. Il est ainsi prévu que le congrès examine la situation et les perspectives de la sous-traitance industrielle dans les pays arabes et donne l'occasion aux entreprises et compagnies arabes et étrangères de mettre en évidence leurs compétences. Le congrès a été financé conjointement par l'Algérie (50 000 dollars), l'Organisation arabe de développement industriel (50 000 dollars), la Banque islamique pour le développement (30 000 dollars) ainsi que des sponsors comme Sonatrach (2 millions de dinars).