Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«C'est un créneau encore vierge en dépit de nombreuses mesures réglementaires» Le directeur de la Bourse de la sous-traitance et du partenariat, M. Laïb, déclare :
Entretien réalisé par Smaïl Boughazi LA TRIBUNE : Quelle est la situation de la sous-traitance en Algérie ? M. Laïb : A vrai dire, il n'y a pas une situation ou encore moins un état des lieux sur la sous-traitance en Algérie. Mais ce que je peux dire, c'est un créneau qui reste encore vierge. En dépit de nombreuses mesures réglementaires prises par les pouvoirs publics depuis quelques années en vue de le développer, il reste encore méconnu bien qu'il constitue un des principaux leviers de la relance économique, d'une part, et de la création d'emplois et de richesses, d'autre part. Notre pays ne peut aller vers une véritable industrialisation sans la promotion de la sous-traitance. J'estime qu'il est de l'intérêt de l'Algérie de promouvoir cette activité pour assurer la réussite du processus de mise à niveau du secteur industriel. En tout cas, c'est grâce à cette activité de sous-traitance que des pays, à l'image de l'Espagne, du Portugal mais aussi de ceux d'Asie, sont sortis depuis peu du sous-développement pour devenir des puissances industrielles à travers un réseau important et performant de petites et moyennes entreprises. Il est donc temps de prendre les choses au sérieux et de réfléchir au développement de cette activité à travers déjà la restructuration des entreprises nationales. Les pouvoirs publics doivent aider et encourager les entreprises éligibles à la privatisation à se mettre sur pied et à s'investir davantage dans la sous-traitance locale. La sous-traitance est un domaine où les PME peuvent respirer et évoluer. Peut-on parler d'une culture de la sous-traitance qui commence à s'installer en Algérie ? Tout à fait. Du moins au sein de notre association et de notre réseau de Bourses de sous-traitance installé dans les quatre grandes régions du pays où l'on trouve des entreprises qui pratiquent cette culture de la sous-traitance depuis de longues années et dont certaines exportent leur savoir-faire en sous-traitance pour des grandes entreprises à l'international dans le domaine de l'usinage mécanique à haute précision, par exemple. Il existe également un gisement important au niveau de plusieurs branches d'activité, notamment dans des secteurs comme l'énergie, la mécanique, l'agroalimentaire, le bâtiment et les travaux publics qui sont en mesure de promouvoir les métiers de sous-traitance. Rien que le secteur de l'énergie pourrait créer près de 20 000 sous-traitants nationaux. Cela dit, les pouvoirs publics, à travers le ministère de la PME et de l'Artisanat, ont mis en place depuis quelques années des structures constituées sous la forme associative appelées Bourses de sous-traitance et de partenariat qui activent aujourd'hui en quatre réseaux (Centre, Est, Ouest et Sud) et coordonnés par le Conseil national de la sous-traitance, créé, lui aussi, en 2003 par ce même ministère. Ces structures ou centres sont destinés à encourager et promouvoir l'activité de sous-traitance en Algérie entre les entreprises algéro-algériennes et algéro-étrangères. Pour ce qui concerne l'externalisation, quel est votre avis sur ce sujet et existe-t-il des PME qui ont pu activer dans ce sens ? Le marché de l'externalisation en Algérie augmente chaque année, et à mon avis les perspectives de cette activité dans les services connaîtront une croissance dans les années à venir tout en générant des créations d'emplois et d'entreprises. Nous remarquons de plus en plus d'entreprises étrangères qui envisagent d'externaliser leurs services en Algérie (offshore). Quels sont les créneaux les plus demandés pour l'externalisation en Algérie ? On assiste à l'émergence de prestataires d'un niveau de professionnalisme élevé qui ont su convaincre des donneurs d'ordre dans des domaines sensibles. Les créneaux, à mon avis, les plus demandés sont les finances, le secteur pétrolier, l'informatique, les centres d'appels, la maintenance, la sécurité industrielle, le transport…). En fait, l'externalisation des prestations était assurée en interne avec moins d'efficacité, plus de délais et des coûts cachés élevés. En langage chiffré, quel est le bilan du secteur depuis l'année écoulée ? Des contacts d'affaires, des contrats d'externalisation et des perspectives de création d'entreprises et d'emplois ont été proposés à l'issue des deux dernières éditions du Salon de l'externalisation organisées par l'une de nos sociétés membres, en l'occurrence SIRA-Algérie, en partenariat avec notre association. Quelles sont les perspectives de la sous-traitance en Algérie et pouvez-vous citer les blocages qui font qu'elle reste marginale, si c'est le cas ? Je crois que toutes les structures existant maintenant en Algérie, telles que le Conseil national chargé de la promotion de la sous-traitance et le réseau national des Bourses de sous-traitance, sont des espaces intermédiaires pour justement favoriser et développer cette relation donneurs d'ordre-sous-traitants pour de belles perspectives de la sous-traitance à l'avenir. Aussi, il faut prévoir d'autres moyens pour développer encore plus l'acte de sous-traiter. J'entends par là des avantages fiscaux sous forme de défiscalisation ou d'allègement des activités réalisées dans le cadre de la sous-traitance et prévoir aussi, comme pour les sous-traitants et les donneurs d'ordre réalisant des activités en commun dans le cadre de la sous-traitance, des crédits à taux réduits ou bonifiés. Concernant les blocages qui font que la sous-traitance reste marginale, je peux les résumer en 3 points : - la concurrence déloyale qui engendre l'importation et la mise sur le marché des produits à bas prix par rapport au coût de leur fabrication ; cette situation n'encourage guère l'opérateur à investir dans la fabrication. - le coût d'investissement assez conséquent pour l'achat d'équipements adéquats, en l'absence d'une politique pratique de soutien à ces opérateurs. A cela s'ajoute le problème du foncier qui limite l'exploitation des zones à promouvoir dans le cadre de l'industrie. - l'existence d'un faible réseau de sous-traitance qui ne couvre pas l'ensemble des zones productives, d'une part, et la méconnaissance réelle des capacités de production des sous-traitants, d'autre part. Enfin, monsieur le directeur, quel bilan faites-vous de la Bourse de la sous-traitance ? Certes, cette association constitue un moyen incontournable du développement de la sous-traitance et du partenariat en Algérie, mais les opérateurs économiques ignorant son existence sont nombreux à défaut de communication continue. Le rôle de la BASTP n'est mis en exergue qu'occasionnellement. Mais, depuis les 3 dernières années, les choses commencent à s'accélérer dans ce sens. Les rencontres d'hommes d'affaires et les séminaires sur cette question se multiplient. Le rendez-vous de la deuxième édition du Salon international de la sous-traitance et du partenariat tenu en octobre 2007 à Alger a constitué une bonne opportunité pour les participants afin présenter leurs services dans les domaines de la sous-traitance et du partenariat et faire connaître leurs perspectives de projets à venir. Dans quelques jours, un accord d'entente sur la sous-traitance va être signé entre une entreprise privée, membre à la Bourse de sous-traitance de l'Ouest (comme donneur d'ordre), avec une entreprise publique, membre de la Bourse de sous-traitance du Centre (comme receveur d'ordre), pour la fabrication de pièces de fonderie. C'est un peu original car, en général, le donneur d'ordre est «public» et le sous-traitant est «privé». Mais, dans ce cas précis, c'est l'inverse qui se passe, pour dire qu'il existe des partenariats croisés public-privé ou privé-public.