Bandoeng, ville estudiantine par excellence, accueille le plus grand campus universitaire de l'archipel. Mais Bandoeng, c'est surtout la ville des indépendances qui a accueilli la première conférence afro-asiatique en avril 1955, avec la participation record de 29 pays et bon nombre d'observateurs, dont l'Algérie. Y avaient participé entre autres parmi les figures emblématiques de l'époque, Chou en Lai, Sukarno, Nasser, Sihanouk. Aujourd'hui, le musée de Bandoeng restitue l'histoire à travers une exposition de photos, un film documentaire, mais aussi par la salle de conférences où s'est tenue la réunion avec les mêmes fauteuils et les drapeaux de l'époque. Il a été confectionné sur place un drapeau pour le Soudan, pays participant, qui n'en avait pas encore. Un tissu blanc avec le mot Soudan en rouge. L'Algérie, encore sous domination française et une année après le déclenchement de la lutte de Libération nationale, a participé, en tant qu'observateur, avec une délégation forte de quatre personnes : Hocine Aït Ahmed, M'hamed Yazid, Lakhdar Brahimi et Rachid Fre. Mais le nom qui revient souvent dans la bouche des vieux habitants de cette ville est, sans conteste, celui du regretté M'hamed Yazid. Et pour cause, il a défendu avec acharnement, en 1969, à l'ONU, la cause indonésienne qui voulait récupérer l'île Papoua, prise par les Hollandais au XIXe siècle. Après des années de médiation et de négociations infructueuses, l'Algérie, grâce au travail en coulisses de son chevronné diplomate, a su convaincre les pays arabes et africains de la juste et légitime revendication indonésienne. Le résultat du vote fut sans appel et l'île Papoua a pu réintégrer l'archipel. Et cela, les Indonésiens ne l'ont pas oublié comme les Algériens non plus, l'aide de l'Indonésie à la Révolution. C'est cette conférence qui a donné naissance au mouvement des non-alignés dont la première réunion s'est tenue, à Belgrade, en 1961. En 2005, à l'occasion du 40e anniversaire de ce grand moment de l'histoire contemporaine, plus de 50 chefs d'Etat se sont retrouvés à Bandoeng. Le président algérien s'y trouvait. Grâce au travail des deux ambassadeurs, une idée fait son chemin. Le jumelage de cette ville avec Sétif. Deux dates : la réunion d'avril 1955 et les massacres de Mai 1945. Un dénominateur commun : la libération des peuples.