Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a décidé, hier, à Addis-Abeba de suspendre Madagascar, jugeant “anticonstitutionnel” le processus qui a porté Andry Rajoelina au pouvoir. Après deux heures de réunion à huis clos, le président du CPS, l'ambassadeur burkinabé, Bruno Nongoma Zidouemba, a déclaré aux journalistes : “Le CPS a décidé, en accord avec les textes de l'UA, de suspendre Madagascar de participation aux institutions et organes de l'Union.” “Le Conseil est d'avis que ce qui s'est passé à Madagascar est un changement anticonstitutionnel de gouvernement”, a ajouté le diplomate indiquant que l'UA “a lancé un appel pour un retour à l'ordre constitutionnel” et que ce qui s'est passé “peut être interprété comme un coup d'Etat”. “Si ce retour à l'ordre constitutionnel n'intervient pas très rapidement, nous étudierons la possibilité de prendre des sanctions contre les autorités de Madagascar”, a-t-il ajouté. Concernant un possible soutien au nouveau régime de certains Etats, M. Zidouemba a indiqué que le CPS “leur a lancé un appel pour qu'ils appliquent ce communiqué et isolent les autorités de Madagascar”. Selon ses règlements, l'UA peut prendre des sanctions ciblées de type interdiction de voyage, gel des avoirs, contre des personnalités d'un régime déclaré anticonstitutionnel, six mois après la suspension du pays concerné. Le prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA devait se tenir en juillet à Madagascar, mais selon le directeur du département Paix et Sécurité de l'UA, Jeffrey Mugumyia, “s'ils ne se plient pas à cette décision, cela affectera l'hébergement du sommet”. “Plus tôt ils appliquent ce que nous leur demandons, mieux c'est. Mais tout peut arriver d'ici là”, a-t-il ajouté. L'UA condamne par principe toute prise illégale du pouvoir sur le continent. L'organisation continentale a ainsi suspendu ces derniers mois la Guinée et la Mauritanie. Après la prise du pouvoir en août dernier à Nouakchott par une junte, ses responsables ont été visés en janvier par des sanctions. Cette réunion du CPS était initialement prévue jeudi, mais a été reportée de 24 heures. Elle intervient ainsi après une réunion de l'organe de sécurité de la Communauté de développement des Etats d'Afrique australe (SADC) dont Madagascar est membre, qui a décidé de ne pas reconnaître le nouveau régime malgache et demandé à l'UA de suspendre ce pays. L'Union européenne avait jeudi soir qualifié de “coup d'Etat” le changement de régime à Madagascar, tandis que Washington l'a jugé “non démocratique”. Le nouveau président de transition de Madagascar, Andry Rajoelina, a annoncé jeudi la suspension des “activités de l'Assemblée nationale et du Sénat”, 48 heures après la démission forcée du président Marc Ravalomanana. Enfin, le président français Nicolas Sarkozy a qualifié hier de “coup d'Etat” les conditions de l'arrivée au pouvoir à Madagascar d'Andry Rajoelina et réclamé la tenue d'élections démocratiques “le plus rapidement possible”. R. I./Agences