La demande par le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, d'un mandat d'arrêt international à l'encontre du président soudanais Omar El Bachir «compromettrait le processus de règlement politique et pacifique au Darfour», a indiqué lundi dernier à Addis-Abeba le ministre délégué chargé des affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel. M. Messahel, qui intervenait à la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA), a relevé que cette décision «porterait un coup au dialogue en cours et à la réconciliation au Soudan», estimant qu'elle constitue un «précédent grave qui peut ouvrir la voie au changement anticonstitutionnel de gouvernement». Tout en mettant l'accent sur «la lutte contre l'impunité et la préservation des droits de l'Homme», il s'est félicité des «engagements pris par le gouvernement soudanais de poursuivre les processus déjà engagés par les juridictions nationales à propos des violations constatées». M. Messahel a, en outre, mis l'accent sur l'importance pour l'Afrique de «s'approprier» les solutions aux conflits qui l'agitent comme elle l'a fait pour le Zimbabwe. Le soutien de l'Algérie au peuple et aux dirigeants soudanais a été exprimé samedi dernier par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, qui avait souligné que «toute solution aux conflits et crises que traverse le Soudan passe par le dialogue sérieux et l'apaisement des tensions pour réunir les conditions favorables à la paix escomptée». Une position confortée par la majorité des membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS), qui a mis en garde contre la menace que ferait peser une décision de la CPI «sur les efforts visant à promouvoir l'Etat de droit, la stabilité et les processus d'édification des institutions nationales en Afrique». Dans son communiqué final, le CPS invite la Commission africaine à «prendre toutes les mesures nécessaires pour la création, dans un délai de 30 jours, d'un groupe indépendant de haut niveau composé d'éminentes personnalités africaines». Ce groupe, ajoute le communiqué, est appelé à «examiner la situation de façon approfondie et à soumettre au Conseil des recommandations sur les voies et moyens de répondre aux exigences de lutte contre l'impunité et en même temps de réconciliation et d'apaisement». Le CPS a, par ailleurs, appelé le gouvernement soudanais à prendre des «mesures immédiates et concrètes pour traduire en justice les auteurs des violations des droits de l'Homme au Darfour et de tenir l'UA pleinement et constamment informée des progrès accomplis». Le CPS a décidé, enfin, de la prorogation de la Minuad (Force hybride UA-ONU) pour une période de 12 mois et demande au Conseil de sécurité de faire de même. Par ailleurs, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine a appelé, lundi dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies à «surseoir au processus initié par la CPI conformément aux dispositions de l'article 16 du statut de Rome, pour que les efforts de paix en cours ne soient pas gravement compromis». Un appel qu'approuve la Ligue arabe mais que rejettent les Nations unies, déclarant ne pas pouvoir interférer dans la décision de la Cour pénale internationale (CPI) visant le président soudanais Omar El Bachir, comme l'a déclaré, lundi une porte-parole de l'ONU. «La position du secrétaire général est très claire», a déclaré Michèle Montas à la presse, arguant que la CPI est indépendante et que, par conséquent, le secrétariat des Nations unies «ne peut interférer ni être impliqué dans rien de ce qui implique la CPI». Pour rappel, le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, a demandé aux juges de la CPI de délivrer un mandat d'arrêt à l'encontre de M. El Bachir pour des crimes commis ces cinq dernières années contre des civils au Darfour (ouest du Soudan). A. R.