“Tout pharmacien qui serait surpris à vendre ces produits pharmaceutiques qui ne sont pas enregistrés, homologués est passible jusqu'à deux ans d'emprisonnement et d'amendes selon la loi. Il faut toujours s'assurer de la traçabilité des médicaments, se méfier des produits vendus hors les circuits légaux et habituels. Si vous voyez quelqu'un avec un simple véhicule et qui vous propose des médicaments pas chers, soyez vigilants !” C'est en ces termes graves que le porte-parole du Snapo, Messaoud Belamri, s'est adressé à ses confrères lors des 5e journées du pharmacien, une rencontre organisée à Oran par le bureau de wilaya du Snapo. L'intervenant a en effet donné, ce jour-là, une conférence sur “la menace de la pharmacopée contrefaite” avec une mise en garde sur l'ampleur du phénomène qui n'épargne aucun pays dans le monde y compris le nôtre. La seule affaire “divulguée” en Algérie remonte à 2004 avec la découverte dans un conteneur à Skikda de 25 000 boîtes de faux Viagra. Cela veut-il dire pour autant que notre pays est épargné ou dispose de moyens super efficaces de contrôle, quand on sait qu'en Europe même, les saisies de médicaments contrefaits ont augmenté en 2006 de 384 %. L'intervenant en parlant du risque pour l'Algérie a rappelé les propos des anciens dirigeants de Saïdal qui déclaraient que les médicaments contrefaits entraient en Algérie en provenance de pays comme la Chine, l'Inde, la Jordanie, la Turquie et… la contrebande aux frontières du sud, à l'est, et à l'ouest sont des canaux de diffusion de médicaments contrefaits, ou encore de produits pharmaceutiques dont on a modifié la date de péremption ou qui présentent des efficacités thérapeutiques presque nulles. il faut dire que la contrefaçon est un phénomène mondial et un marché extrêmement lucratif, la Suisse est le premier fournisseur au monde de médicaments contrefaits. En 2006, ce marché de la contrefaçon représentait 32 milliards de dollars, en 2009, il est passé à 240 milliards de dollars. Et comme à l'accoutumée ce sont les pays pauvres et les pays en développement qui sont ciblés et qui sont la poubelle de nombre de grands laboratoires pharmaceutiques qui n'ont aucun scrupules. Ainsi, le porte-parole du Snapo évoquera les grands laboratoires pharmaceutiques occidentaux qui écoulent des médicaments dans notre pays en changeant la date de péremption jusqu'à deux ans, ou encore en exportant des produits pharmaceutiques dont les essais en Occident ont été jugés dangereux pour l'homme et que l'on retrouve en Afrique. Plus grave, des essais ont été pratiqués sur des populations sans que les autorités de ces pays n'en soient informées et encore moins les populations. Dans sa communication, le Dr Messaoud Belambri expliquera qu'en Afrique plus de 70% des médicaments consommés sont contrefaits. Selon l'OMS, 60% des médicaments contrefaits se retrouvent dans les pays pauvres. Plus grave, ce sont souvent des médicaments utilisés contre des affections mortelles qui sont contrefaits comme le VIH, la tuberculose, le paludisme. Ces contrefaçons ont causé 200 000 morts dans le monde à cause d'antipaludéens contrefaits en Chine, 192 000 décès provoqués par des produits pharmaceutiques contrefaits, etc... Pour le Snapo, les pharmaciens sont en première ligne et pour se prémunir, ils doivent s'assurer de la traçabilité, avoir des factures et surtout se départir du système de “business” en somme, avoir une éthique. DJAMILA L.