Le Snapo, organisation regroupant les professionnels du secteur, entend protester contre les peines prévues dans la loi condamnant les ordonnances dites “de complaisance”. “Les pharmaciens d'officine ne sont pas des dealers. Les psychotropes sont, pour nous, des médicaments”. C'est le point de vue du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (Snapo), défendu hier par sa présidente, Mme Souad Hamrour, à l'ouverture des journées nationales pharmaceutiques, qui se tiennent au Palais de la culture. La polémique autour de la vente des tranquillisants par les pharmacies, particulièrement l'affaire de “l'ordonnance de complaisance”, a éclaté suite à la promulgation d'une loi en 2004, émanant du ministère de la Justice, où le pharmacien est passible de peines très lourdes allant jusqu'à un million de dinars d'amende et de 15 ans d'emprisonnement, si le juge considère qu'il a honoré une ordonnance de complaisance. Le Snapo, organisation syndicale autonome agréée en 1996, qui compte plus de 3 000 adhérents (sur près de 5 000 pharmaciens d'officine à l'échelle nationale), a alors réagi, en attirant l'attention sur “l'ambiguïté” entretenue par cette loi et la gravité des peines. Hier encore, ses représentants se sont élevés contre “la confusion et l'assimilation” faite entre les psychotropes et les stupéfiants et la drogue dure. “Nous souhaitons que le ministère de la Santé s'implique pour mettre de l'ordre dans ces textes”, a fini par lâcher Messaoud Belamri, le chargé de la communication du syndicat. Les deux journées nationales, présentées comme “un cadre de formation continue et d'information”, ont été consacrées cette année à “l'impératif économique et aux exigences de santé publique”. Dans leurs interventions, les pharmaciens ont abordé les questions se rapportant au prix du médicament, au tarif référentiel, à l'inspection des pharmacies et surtout celle relative aux marges bénéficiaires ou aux faibles gains. “Les marges sont régies par un décret exécutif de 1998, qui est totalement dépassé par la situation économique du pays”, a affirmé un participant. Cet avis est partagé par M. Belamri, qui a estimé que ledit décret “encourage la vente des médicaments les plus chers, qui ne sont pas les génériques”. “Le système actuel des marges bénéficiaires est en contradiction avec la politique du médicament générique, prônée par les pouvoirs publics”, a-t-il soutenu, rappelant que son organisation a déjà soumis des propositions à la tutelle et qu'elle espère que le prochain décret comporte “des mesures incitatives, en faveur du produit générique, à travers l'adoption du différentiel fixe ou l'instauration d'un forfait par boîte de générique”. Concernant l'inspection des officines, relancée, il y a 2 mois par le ministère de la Santé, par voie de circulaire, elle est source de mécontentement des professionnels. Ces derniers, soutenus par le Snapo, ont fait part du “déficit en matière de pharmaciens inspecteurs”, non sans cacher leurs craintes sur ces “praticiens inspecteurs” dont parle la circulaire ministérielle. “Comme il y a très peu de pharmaciens inspecteurs, on aura affaire à des médecins et des dentistes pour les inspections. On ne refuse pas l'inspection, à condition qu'elle ne sorte pas de son objectif noble”, a révélé un pharmacien, en distinguant les textes et leur application. Notre interlocuteur profitera de l'occasion pour attirer notre attention sur “l'irrespect” de la réglementation portant installation des officines dans les milieux urbains, qui ouvre droit à l'ouverture d'une pharmacie pour 5 000 habitants. Selon lui, la circulaire ministérielle de novembre 2005, qui encourage les pharmaciens à s'installer dans les zones enclavées et déshéritées, est utilisée à d'autres fins, en violation aux normes exigées par le ministère de tutelle. “Il y a problème d'application sur le terrain et un mauvais usage de la circulaire”, a-t-il indiqué, avant d'ajouter : “Les zones enclavées sont oubliées et les zones déshéritées sont toujours défavorisées.” Un autre pharmacien a fait part, quant à lui, de son opposition à jouer le “rôle de policier”, en exigeant du détenteur de l'ordonnance sa carte d'identité. Ce qui fera dire plus tard à Mme Hamrour : “Nous voulons une redéfinition, avec plus de précision, sur le secret médical auquel nous devons nous conformer.” H. Ameyar