Le pharmacien se retrouve, à cause d'un vide juridique, entre le marteau et l'enclume. Cela sans compter les agressions auxquelles il s'expose de la part des toxicomanes au cas où il refuserait de leur vendre ces produits. Le syndicat des pharmaciens d'officine a tiré une véritable sonnette d'alarme sur la vente de psychotropes. Le vide juridique crée une confusion sur la délivrance de ces médicaments. Messaoud Belambri, membre du Snapo a en effet révélé hier au cours d'une rencontre à Constantine que «la loi 04-18 qui régit les opérations de vente des psychotropes et autres médicaments calmants enregistre des vides juridiques qui n'ont pas été comblés». Cette loi, promulguée le 24 décembre 2004 et qui est relative à la prévention de l'usage et du trafic illicite de psychotropes et stupéfiants, met mal à l'aise le pharmacien dans la délivrance de ces médicaments. M. Bagheloul, membre de l'Ordre national des pharmaciens, regrette que «certaines franges de la société perçoivent le pharmacien comme vendeur de psychotropes». Ces derniers temps, déplore ce syndicaliste, «des pharmaciens ont été agressés à l'intérieur de leurs locaux par des toxicomanes qui voulaient obtenir de force ces substances». Ce qui a d'ailleurs poussé les membres du Snapo à s'inquiéter des menaces qui pèsent sur leurs activités. Cette situation dramatique fait que le pharmacien est passible selon la loi 04-14 d'une peine de prison allant de 5 à 15 ans et une amende allant jusqu'à 1 million de dinars en cas de fourniture de psychotropes sur la base d'une ordonnance suspecte. Or, la loi ne définit pas l'ordonnance médicale. Dès lors, les pharmaciens demeurent inquiets et se demandent comment faire la différence entre une vraie ordonnance et une autre qui est fictive. Il faut savoir que le ministère de la Santé a classé 12 variétés de ces produits qui sont soumis à une autorisation pour leur vente légale. Toutefois, Messaoud Belambri estime que «le marché contient d'autres médicaments assimilés à ces substances qui n'ont pas été introduite dans la liste du ministère». Pour sa part, Mme Ghrieb représentante du ministère de tutelle a souligné qu'«il y a trois listes récapitulant la nomenclature des substances médicamenteuses qui sont soumises au contrôle international dans le cadre d'une convention signée par l'Algérie». La liste jaune est celle de la codéine qui sert à la fabrication du paracétamol. La liste verte est celle des psychotropes alors que la liste rose est celle des précurseurs chimiques qui contient 23 produits dont l'éphédrine sur la base de laquelle se fabrique la cocaïne.