Ce sont les mémoires d'un homme qui a été et restera le symbole de la “rencontre féconde des convictions, de l'engagement et de l'élégance”. “L'histoire et la géographie ont imprimé le destin de la Tunisie. Et Mohamed Charfi ressemble à ce pays de mélange, de générosité et de tolérance.” Ce sont là les mots de Bertrand Delanoë qui a préfacé ce “récit de vie” paru aux éditions Zellige en France. Il s'agit là des mémoires d'un grand monsieur, fervent défenseur des droits de l'homme et “infatigable combattant pour les lumières”, qui s'est éteint, en juin dernier, non sans laisser derrière lui… pour la postérité, de grandes œuvres. L'auteur est, certes, parti, mais son riche et fastidieux parcours est là pour témoigner d'une vie très mouvementée et fort utile à l'humanité. À travers cet écrit, qu'il gardera en héritage, le lecteur suivra pas à pas le chemin que parcourut un jeune Tunisien de Sfax, devenu “le sage” que l'Organisation des Nations unies choisira pour intégrer “l'Alliance des civilisations”. Il découvrira l'homme qui, jaloux de ses valeurs arabo-musulmanes, si mal représentées par les uns et fort mal perçues par les autres, les défendra corps et âme tout au long de sa vie. Etudiant, syndicaliste, ministre de l'Education, ministre de l'Enseignement supérieur, initiateur de la première ligue des droits de l'homme au Maghreb, créateur de “Rencontres maghrébines”, chercheur, conférencier, militant démocrate, réformateur du système éducatif… Mohamed Charfi a été l'homme de toutes les situations. Il vécut et défendit ses convictions jusqu'à son dernier jour. Pour lui, authentique intellectuel, les peuples ne pouvaient s'unir et former une force qu'en défendant leurs libertés individuelles. L'amour de l'autre, l'accès de tous au savoir, le respect du bien commun, la liberté, la justice, l'égalité... beaucoup de valeurs qu'il véhiculait tout au long de son combat et qui lui valurent parfois des mois de prison, l'ingratitude et même des menaces. Dans cet ouvrage, Mon combat pour les lumières, qu'il n'a pas eu le temps de terminer —mais que son ami Ali Mezghani termina pour lui en y racontant les dernières quatorze années de sa vie (1994-2008)—, Charfi a voulu, comme il l'avoue dans son avant-propos, “faire un bilan, me remémorer les moments forts de ma vie et laisser un témoignage sur des évènements que j'ai vécus ou auxquels je me suis intéressé”. En toute humilité et avec la modestie et la grandeur d'âme qu'on lui a toujours connues, Mohamed Charfi avoue qu'il y aurait peut-être dans ces mémoires une petite part de subjectivité mais qu'il a surtout voulu nous donner son propre éclairage des évènements : “L'homme est enclin à oublier ce dont il n'est pas fier, et à mettre en valeur son propre apport. Tout cela, j'en suis convaincu, vaut pour tout le monde, et donc pour moi-même. Je peux simplement affirmer le sentiment profond que tout ce que j'écris ici est conforme à la vérité des faits tels que je les ai vécus et sentis.” Mon combat pour les lumières est un ouvrage à lire absolument et un témoignage à garder pour toutes les générations. Ce sont les mémoires d'un homme, qui a été et restera le symbole de la “rencontre féconde des convictions, de l'engagement et de l'élégance”. Contactées par une maison d'édition algérienne, les éditions Zellige ont donné leur accord pour que cet ouvrage soit publié en Algérie, il sera donc présent au prochain Salon international du livre d'Alger. Samira Bendris Mon combat pour les Lumières de Mohamed Charfi, 300 pages, éditions Zellige, Paris 2009