Photo : Zoheir De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Les taux de production et de collecte de lait cru sont toujours jugés faibles par les services concernés. Malgré tout le soutien public accordé à la filière, les résultats restent insuffisants de l'avis des spécialistes. Les fluctuations permanentes du coût des aliments de bétail sur le marché local et les conditions de production, souvent excessives et exigeantes, rebutent les exploitants qui préfèrent se lancer dans d'autres créneaux moins «risqués». A cette question de fond, s'ajoutent aussi d'autres considérations comme les techniques de production et les réseaux de collecte qu'il convient d'actualiser pour améliorer le rendement. Avec un cheptel qui avoisine 11 000 vaches laitières et d'importantes potentialités industrielles de transformation, la wilaya de Béjaïa n'échappe pas à ce déficit. L'exemple de cette région est même assez caractéristique pour servir d'illustration à l'ensemble du dispositif national en la matière. Selon des statistiques récentes des services agricoles de la wilaya (DSA), la production locale de lait cru, estimée à 70 000 litres par jour (soit 25 550 000 litres par an), ne couvre, en effet, que 26% des besoins locaux. La demande demeure cependant forte, et certaines laiteries se sont déjà lancées dans le domaine pour satisfaire les exigences de leurs clientèles en produits frais. La subdivision agricole de Seddouk, en collaboration avec DSA, a récemment organisé une journée d'étude et de formation à ce sujet pour sensibiliser les paysans de la vallée de la Soummam sur l'élevage bovin et la production laitière. Ce séminaire, qui a réuni nombre d'éleveurs, de transformateurs et de collecteurs venant de l'ensemble des localités de la wilaya «entre dans le cadre de l'application du plan de renouveau de l'économie agricole [PREA] lancé par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural», indiquent les organisateurs, en soulignant l'objectif déclaré des autorités pour l'intensification et le développement de la filière lait avec l'initiation des éleveurs aux nouvelles procédures utilisées dans l'amélioration de la production laitière. Dans sa communication consacrée à l'alimentation des cheptels laitiers, l'universitaire, Mokrane Igherouada a relevé l'importance qu'il va falloir accorder à la formation pour moderniser les techniques des éleveurs. «Une vache laitière en Algérie produit en moyenne 5 000 litres de lait par an. Cela correspond au rendement obtenu durant les années 1970 en Europe. On peut facilement améliorer cette performance en recourant à des méthodes simples et modernes», dira-t-il à l'adresse des éleveurs. Enseignant-chercheur à l'université de Béjaïa, Igherouada a présenté, à cette même occasion, les résultats d'une expérimentation effectuée dans une exploitation de la région. «En rationalisant l'alimentation d'un nombre de vaches, pendant une certaine période, on a remarqué une nette amélioration dans la production laitière. Des techniques d'alimentation simples mais très efficaces ont ainsi donné des résultats très encourageants», a-t-il conclu. Une étude qui a captivé l'attention des exploitants présents qui se promettent de l'expérimenter sur leurs cheptels pour voir la différence. Les responsables du secteur ont, ensuite, explicité le nouveau dispositif mis en place par la tutelle. La formation, l'amélioration génétique et la production locale de génisses laitières, l'hygiène et la santé animale, le rôle des assurances, celui des coopératives, les subventions et les facilités accordées par les pouvoirs publics ont été aussi autant de questions soumises à débat. Il faut dire que la wilaya dispose de nombreux atouts pour prétendre à une production qui couvrirait au moins la moitié de ses besoins. Un potentiel animal de qualité, des périmètres favorables à l'extension des cultures fourragères, une infrastructure d'élevage disponible, une tradition d'élevage qui confère une certaine expérience, des étages bioclimatiques propices à cette activité, la disponibilité d'une industrie de transformation compétitive, et un réseau de formation et de vulgarisation relativement étoffé. Les services agricoles, qui s'attèlent à gagner l'adhésion des paysans et des exploitants à ce plan de renouveau de l'économie agricole, se promettent d'œuvrer en faveur d'une exploitation rationnelle de tous ces avantages pour améliorer sensiblement la production locale de lait cru.