Des candidats menacent de se retirer de la compétition pour l'élection présidentielle ! Celle-là, c'est la meilleure, non ? Engagés, quelques mois après que la Constitution eut été changée pour permettre un troisième mandat au Président sortant, dans une course réglée comme une émission de l'ENTV, trois des candidats alibi “menacent” de quitter la piste. Ce faisant, et sans être des “lièvres”, ils font ce que font les vrais lièvres dans les compétitions sportives. Ils donnent du rythme au départ d'une course quitte à sortir de la piste au moment où ils se sentent épuisés. La formule sert, en général, à pousser le favori à battre des records. Et les lièvres, les vrais, sont payés pour cela. Ceux-là aussi sont financés pour leur participation. Dans une conférence de presse à trois, les représentants des candidats mécontents ont affirmé vouloir “alerter l'opinion publique” sur “l'inertie dont fait preuve la commission Teguia” ! Mais l'opinion publique est bien éveillée à la nature de cette campagne électorale et de l'élection qui se prépare ! La preuve en est dans l'irrespect de la réglementation en matière de campagne électorale. Le paradoxe n'est-il donc pas dans le fait que le pouvoir arrive encore à trouver des volontaires pour jouer les concurrents ? D'ailleurs, la commission Teguia n'est point “inerte”. Ce sont les représentants des candidats dépités qui le disent : elle s'est transformée en comité de soutien en faveur du Président-candidat. Pour cela, il faudrait qu'elle se démène un peu, non ? Et elle dresse des bilans réguliers de la campagne qu'elle résume toujours dans la formule “tout va bien”. En fait, il semble qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. Le scénario de 1999 ne se répétera pas. Les protestataires veulent juste nous effrayer : “Si les choses restent en l'état, cela voudra dire que l'élection sera truquée.” On n'y est donc pas encore ; et comme on n'y est pas encore, ils n'ont, pour le moment, aucune raison de jeter l'éponge. Ils envisagent de si nombreux recours que d'ici qu'ils les auront épuisés, l'élection sera passée. Ils envisagent même, ultime ressource, de s'adresser à Bouteflika et d'attendre qu'il corrige les abus de l'administration et des commissions qui le favorisent. Et pour finir d'expliquer qu'ils voulaient provoquer plus de peur que de mal, les délégués des candidats contrariés nous expliquent qu'ils n'ont pas d'exigence démocratique immédiate : ils ont accepté, disent-ils, “le défi de participer à l'élection dans le but d'asseoir la démocratie qui ne se construit pas en dix ou vingt ans”. Ils ne nous disent pas quand a commencé ou commencera ce “long combat”, qu'on puisse s'adapter au calendrier historique national. Et puis, “ne pas participer à l'élection est de nature à ôter à la fonction présidentielle toute légitimité sur la scène internationale ; les contrecoups pour la souveraineté du pays sont énormes”, ajoute l'un d'eux. Mais malgré le patriotisme dont il est fait preuve, la “sortie”, comme l'écrivent beaucoup de mes confrères, doit être prise au sérieux : si les choses restent en l'état, ils risquent de boycotter le second tour ! M. H.