Une image bien triste d'une campagne électorale qui s'annonce pourtant déterminante pour l'avenir de l'Algérie. Cinquante personnes au maximum, en majorité des jeunes de 16-17 ans, peut être même moins, attendent le candidat Djahid Younsi dans la salle omnisports de Boumerdès. Le président d'El Islah est annoncé pour 14 heures mais il n'arrivera sur les lieux qu'une heure après et ne commencera pas son discours avant 15 h 45. Un retard de près de deux heures qui profitera aux organisateurs du meeting pour «bourrer» les places qui restent. Et encore! La salle restera vide devant le candidat aux présidentielles. Des jeunes à peine sortis de l'adolescence arrivent dans des minibus puis pénètrent dans la salle avec nonchalance. Corps frêles, traits du visage tirés par la fatigue du voyage… pour ne pas dire des difficultés du quotidien… Taquineries, amusements et éclats de rire. Les jeunes ne semblent pas connaître grand-chose de l'événement qu'ils sont venus marquer de leur présence. Encore moins du candidat qui va leur parler du changement auquel ils devront prendre part par leur implication directe dans le processus électoral. Peu importe, l'essentiel est qu'ils vont se défouler. Ils vont siffler, crier, applaudir un candidat qu'ils ne connaissent pas et soutenir un programme qu'ils ne comprennent pas. Ils vont, tout simplement, mettre de l'ambiance. Le meeting du candidat islamiste, hier à Boumerdès, n'a pas drainé grand monde. C'est une évidence. A qui la faute? L'équipe chargée de la préparation de ce meeting avec les jeunes -ceux-là qui vont aider à la réalisation du projet de changement, thème majeur de la campagne électorale du président d'El Islah- a une grande part de responsabilité dans cette situation. Mais il n'y a pas que cela. «Les gens sont dégoûtés», «La population est désintéressée», «nous ne croyons pas ce qu'ils racontent» «Tout le monde sait que c'est Bouteflika qui va remporter l'élection. A quoi bon perdre donc son temps à écouter d'autres candidats», tels sont les propos tenus par les citoyens dans la rue. Des citoyens qui ne croient ni au changement ni aux promesses faites. En effet, rien n'augure de l'événement électoral à Boumerdès, hormis quelques posters du candidat Bouteflika placardés sur les murs du centre-ville. Les autres candidats sont quasiment absents et ce ne sont pas les sirènes des véhicules de police annonçant leur arrivée pour un meeting qui vont changer le décor. Pour ce qui est du discours qui prône le changement, le candidat Djahid Younsi a rappelé son intérêt pour les jeunes, les invitant à se rendre aux urnes le 9 avril 2009. «Ce changement ne sera pas possible sans vous les jeunes. Je vous invite à vous rendre en masse aux urnes et donner vos voix au candidat que vous jugez le meilleur. Faites-le mais avec conviction. Ne votez pas pour un candidat dont vous n'êtes pas convaincus», affirme le candidat islamiste. Et ce dernier d'insister sur les capacités des jeunes à relever le pays : «Ils veulent faire de vous des fainéants. Des incapables… Le jeune Algérien n'a pas besoin de charité mais de travail». Défiant à nouveau les pouvoirs publics, à leur tête le candidat Abdelaziz Bouteflika, qu'il appelle à un débat télévisé pour un débat d'idées et de programmes, le candidat Djahid Younsi s'engage, devant l'assistance, à procéder à un nouvel amendement de la Constitution s'il est élu président de la République : «J'appellerai le peuple algérien à un référendum pour une nouvelle révision de la Constitution. J'appellerai à voter pour un mandat présidentiel de sept ans non renouvelable. Un seul mandat de sept ans», insistera-t-il, comme pour exprimer son attachement au principe de l'alternance. Djahid Younsi poursuivra en lançant un nouvel appel à la Commission politique nationale de surveillance de l'élection présidentielle pour se prononcer sur «l'inégalité» des chances, entre les candidats, à briguer un troisième mandat. K. M.