M. Abdelhamid Bouallag, président de l'Association nationale SOS hépatites, trace un tableau noir quant à la situation des malades en Algérie. De prime abord, il monte au créneau en désignant les cabinets de chirurgiens-dentistes comme étant l'endroit où 66% des contaminations ont lieu. “Les dentistes continuent à croire qu'en utilisant le Poupinel, ils arrivent à bien stériliser leurs matériels. En réalité, cela est faux car les études menées de par le monde ont toutes démontré que cet appareil n'est pas efficace. Les institutions internationales recommandent vivement l'utilisation de l'autoclave pour bien stériliser les équipements de chirurgie. Le Poupinel est interdit dans la majorité des pays du monde, il est temps que les autorités sanitaires interviennent pour mettre un terme à cette méthode de stérilisation dépassée”, s'insurge le président de l'Association SOS hépatites. Le même intervenant, saisissant l'occasion de la conférence de presse qu'il a animée hier au Forum d'El Moudjahid, a tenu à rappeler que les estimations des responsables de la santé, qui évaluent l'incidence de cette maladie en Algérie à 2,5% et 2,7% de la population quant à la contamination respectivement des hépatites B et C, ne reflètent pas la réalité. “Selon nos estimations, les chiffres sont à multiplier par trois. Il faut savoir qu'il n'y a au jour d'aujourd'hui aucune étude épidémiologique menée pour bien évaluer l'incidence de ces maladies en Algérie”, ajoute-t-il. Il reconnaît tout de même que la création d'un comité national des hépatites et l'attribution d'un budget de 350 milliards de centimes ont permis à tous les malades d'avoir accès aux médicaments qui coûtent très cher. “En moyenne, la prise en charge d'un malade atteint de l'hépatite B revient à 144 millions de centimes, celle d'un patient infecté par le virus de l'hépatite C est nettement plus élevée”, précise M. Bouallag. Il espère aussi que ces maladies soient reconnues comme pathologies professionnelles lorsqu'elles touchent le personnel médical. Il affirme, par ailleurs, que les efforts fournis par le département de la Santé en matière de vaccination contre l'hépatite B en faveur des nouveau-nés, et ce, depuis 2003, vont mettre à l'abri tous les vaccinés. S'il reconnaît que l'hépatite B est curable, il se montre inquiet quant à la prise en charge des personnes infectées par le virus de l'hépatite C, car elles développent souvent des complications pouvant aller jusqu'au cancer du foie ou à la cirrhose. “Dans ces cas précis, seule la greffe du foie est indiquée ; or en Algérie cette lourde chirurgie n'est pas encore bien développée”, se plaint-il. Il regrette aussi que certaines analyses de sang ne soient assurées qu'au niveau de l'Institut Pasteur à Alger, et les malades de l'intérieur du pays sont obligés de faire plusieurs voyages pour lesdits examens sanguins. La situation des malades est catastrophique dans les pays pauvres, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, selon M. Charles Gore, président de l'Alliance mondiale des hépatites, présent lui aussi au Forum d'El Moudjahid, il estime que 500 millions de personnes dans le monde sont atteintes d'hépatites B ou C. Il reconnaît que les traitements sont onéreux, mais il admet que “les laboratoires investissent de grosses sommes pour la recherche”. Il promet que son organisation fera un travail de lobbying auprès des représentants des pays membres de l'Organisation mondiale de la santé, pour trouver une solution à cette situation. Le président de l'Alliance mondiale est en Algérie dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des hépatites, célébrée le 19 mai de chaque année. D. A.