Après l'appel de Hassan Hattab, ce sont quatre anciens “émirs” et membres fondateurs du GSPC qui lancent un appel à la reddition en direction des terroristes restés au maquis. “C'est notre conseil à nos frères restés dans les montagnes qui nous connaissent et que nous connaissons (…) C'est par affection et compassion pour eux que nous leur disons que les jours, les mois et les années sont passés et chacun de nous attend le jour ou s'achèvera cette tragédie, pour que le sang sèche, pour qu'on panse les blessures, et que les balles se taisent entre les fils et les frères en sachant que nos ennemis n'attendent que nos divisions pour détruire notre pays (…)”, écrivent les quatre “émirs”. “Il y a eu le temps du GIA, puis celui du GSPC, puis celui d'Al-Qaïda et on ne sait ce qui va arriver après Al-Qaïda”, poursuivent-ils. “Hier, on a été vos compagnons d'armes ou vos chefs. Tout en ignorant quelle est votre situation actuelle, nos cœurs sont avec vous. Nous vous prions de nous rejoindre, de revenir à votre vie au sein de votre famille qui vous attend (…)”. Déjà affaibli par les multiples rééditions de ce mois de mars, le GSPC de Droukdel risque de connaître une hémorragie sérieuse suite à cet appel. Car les auteurs de ce communiqué ont été, dans un passé récent, parmi les “émirs” les plus intransigeants de la mouvance salafiste et leur casier judiciaire est aussi lourd qu'un annuaire téléphonique. On y retrouve ainsi, Abou Omar Abdelbaer, de son vrai nom, Mourad Khettab, originaire de Médéa, ancien chef de la commission de l'information et membre du majless echoura (conseil consultatif) du GSPC dont il est également membre fondateur. Repenti en 2005 après 12 ans de maquis, il a été le dirigeant salafiste qui a dénoncé l'alliance entre le GSPC de Droukdel et le chef d'Al-Qaïda Irak, le Jordanien Zarkaoui qui avait abouti à l'envoi de plusieurs jeunes Algériens dans les camps d'Al-Qaïda en Irak. Le deuxième signataire n'est autre qu'Abou Zakaria (Rabie Cherif Saïd), originaire de Bordj Menaïel qui s'est également rendu en 2005. Ancien chef de la commission médicale du GSPC et membre du conseil des sages et du majless echoura du groupe terroriste. Organe de décision du GSPC. Il avait abattu un des responsables du GSPC avant de se rendre. Autre signataire, l'ancien chef de la zone 9, Mossab Abou Daoud, (Benmessaoud Abdelkader) descendu des maquis en juillet 2008 à Djelfa. Connaisseur des réseaux du Sud de Belmokhtar, il avait réussi grâce à ses appels à convaincre de nombreux terroristes de sa zone, restés au maquis, de se repentir. Figure aussi l'ancien “émir” de katibat El-Djound, Mahdi Nouredinne, dit Abou Houdeïfa alias Ammar El-Maréchal, originaire de Tébessa et un des plus écoutés dans la mouvance salafiste dans la région est. Ces “émirs”, qui emboîtent le pas à l'appel de Hattab, évoquent la maturité de la situation politique et ont choisi le cœur de la campagne électorale, et les différents appels du président Bouteflika sur la réconciliation nationale pour porter leur parole vers les maquis terroristes. L'appel fait également référence aux motifs religieux, enjoignant les terroristes restants à écouter les sirènes de la réconciliation nationale en s'appuyant sur les divers avis religieux d'imams de la salafya connus auparavant pour leur soutien à Al-Qaïda Maghreb. “Comment peut-on contredire les ulémas de la ouma (…), ces ulémas sont les plus à même pour considérer les choses avec sagesse et clairvoyance et observer la vérité de la situation, comme le cheikh Abdelkader Abdelaziz, prédicateur du djihad qui s'est personnellement ravisé (…).” M. B.