Avant même le début de la rencontre, des divergences sont apparues entre les pays les plus influents du groupe sur la nature des solutions envisagées. Le Sommet du G20 (le groupe des pays les plus industrialisés) s'ouvre ce matin à Londres en présence de deux membres supplémentaires, les Pays-Bas et l'Espagne. Les autres participants représentent le G8 (Etats-Unis, Canada, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Japon et Russie), 11 pays dits émergents (Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Inde, Brésil, Mexique, Argentine, Indonésie, Australie, Corée du Sud, Chine, Turquie) ainsi que l'Union européenne qui détient un siège au sein du Groupe. Les responsables d'institution internationale et régionale comme l'Organisation des Nations unies, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'Organisation mondiale du commerce, l'Association des pays du Sud-Est asiatique et le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) prendront part au sommet en qualité d'invités. C'est la première fois depuis sa création en 1999 que le G20 est confronté à un aussi grand challenge et qui consiste à résoudre la crise économique et financière mondiale. En sa qualité d'hôte, le Premier Ministre britannique Gordon Brown décrit le sommet comme l'une des plus grandes rencontres internationales depuis la Seconde Guerre mondiale. Quelques jours avant sa tenue, il effectuait un tour du monde express pour convaincre ses invités de la nécessite d'accorder leurs violons, en vue de vaincre la récession. Mais déjà, les sons sont discordants. Scindés en deux groupes, les Américains et les Britanniques d'un côté, et les Français et les Allemands de l'autre, préconisent des sorties de crise différentes. Si les premiers recommandent la stimulation des dépenses budgétaires pour relancer l'emploi, les seconds insistent sur la moralisation de la pratique bancaire. Dans les rues de Londres hier, des milliers d'anonymes appelaient pour leur part, à la capitulation du capitalisme. Les manifestations, qui se sont déroulées sous l'œil vigilant de centaines de policiers, ont drainé des militants de mouvements divers, comme les verts, les antiguerres, les altermondialistes et les anarchistes. Contrairement aux prévisions, aucun incident majeur n'a émaillé la procession des marcheurs vers le cœur de la City, le quartier d'affaires de la ville. Quelques dizaines d'arrestations ont été réalisées par les éléments des forces de l'ordre. Parmi les personnes interpellées figurent des assaillants qui ont ciblé le siège de la RBS (Royal Bank Of Scotland) au centre d'un scandale financier. Les invités du Sommet du G20 ont commencé à arriver à Londres mardi matin. Dans la soirée, le plus attendu d'entre eux a fait son apparition dans le ciel de la capitale britannique à bord de l'Air Force One. Barack Obama et son épouse Michelle captent toute l'attention des médias et du grand public. Leur séjour — le premier à l'étranger depuis l'investiture du successeur de George Bush en janvier dernier — accapare également les services de police. L'ambassade US où le couple doit séjourner est quadrillée par un impressionnant cordon de sécurité. Pour plus de précautions, 200 agents spéciaux américains — sur une délégation comptant 500 personnes — voyagent avec leur président. Deux hélicoptères militaires ont accompagné l'Air Force One dans sa traversée de l'Atlantique. Un second avion a servi au transport de la Cadillac présidentielle blindée. Paré de portières aussi solides que celles d'un Boeing, le véhicule résisterait à toutes sortes d'attaques, même chimique. La peur d'attentats hante les services de sécurité britanniques. Leur crainte a été exacerbée suite à l'interpellation d'un groupe subversif à Douvres, au sud de l'Angleterre, lundi dernier. Dans une interview à la BBC, un responsable de la même télévision a reconnu que l'opération de sécurisation du sommet est compliquée. Les agents de tous les corps de sécurité ont été réquisitionnés. Des patrouilles sont organisées même sur la Tamise. 3 000 caméras de télésurveillance doivent permettre aux policiers de scruter les rues de Londres et les alentours de l'ExCel Center où se tient le sommet. Des centaines de personnes, dont un nombre incalculable de professionnels des médias, devront y affluer ce matin. Dans un message de bienvenue adressé aux journalistes accrédités pour la couverture de l'événement, le Premier Ministre britannique est revenu sur les motivations du sommet, insistant sur le fait que la crise économique et financière qui terrasse le monde exige l'engagement d'actions communes, visant à stimuler la croissance, à créer des emplois, à consolider le système bancaire et à réformer les institutions financières internationales. Un miracle se produira-t-il à la clôture du sommet, ce soir ? Peu ou prou y croient. S. L.-K.