Pour conjurer le sort politique par l'urne, les candidats ont fait appel à l'Histoire. C'est la dernière ligne droite. La voix enrouée, les candidats ont livré, hier, le dernier combat de la campagne électorale. Chaque postulant a mis sa touche finale pour «marquer les esprits». Trois d'entre eux ont choisi d'animer leur dernier meeting de campagne au niveau de la capitale. Il s'agit de Abdelaziz Bouteflika, Moussa Touati et Djahid Younsi. Pour conjurer le sort politique par l'urne, les candidats ont puisé dans l'histoire. Ainsi, La Bataille d'Alger pèse encore sur le présent. Le mythe se substitue à la vérité historique et donne sa substance à l'action et au discours politique. Sur les hauteurs d'Alger, le président-candidat a donné le «la» pour le tour de manivelle de «la bataille d'Alger», version électorale. Elu à plus de 85% à l'élection présidentielle de 2004, le candidat à sa propre succession ambitionne de rééditer l'exploit, sinon de faire mieux. Lors de l'annonce de sa candidature officielle, le président avait clairement dit alors qu'il n'accepterait d'être élu «président qu'à une majorité absolue». Histoire d'avoir les coudées franches pour mener à terme sa «politique de Réconciliation nationale». Le choix de la capitale comme escale ultime de son périple électoral se veut un message fort de l'indivisibilité de l'Algérie. L'étendard bleu d'«une Algérie forte et sereine» a été brandi tout au long d'une campagne qui s'est déroulée sur fond de haute symbolique. Le coup de starter a été donné à Batna. C'est dans la capitale des Aurès que Bouteflika a voulu tourner la page de l'insécurité et ouvrir celle de «la reconstruction». Ainsi est célébré le «jour de la victoire» du 19 Mars 1962. La référence à cette date historique traduit une volonté politique claire d'aller au-delà des «lignes rouges» que voulaient lui imposer les terroristes en septembre 2007. Sur ce plan, le pari a été tenu. Dans le même contexte, Djahid Younsi a jeté son dévolu sur la salle Atlas à Bab El Oued. Le quartier populaire a offert une tribune idoine au candidat d'El Islah afin de boucler son périple électoral en joignant le symbole historique à l'impératif politique. N'a-t-il pas entamé sa campagne à partie de la Casbah, «bastion de la résistance et de la culture populaire»? C'est à partir de ce berceau du chaâbi, que Djahid Younsi a développé un discours porté sur le changement. Tout au long de sa campagne électorale, Djahid Younsi a préconisé l'organisation d'un référendum sur «l'amnistie générale» comme étape ultime du processus de «la réconciliation nationale». Les sirènes de la politique dans la capitale ont, aussi, attiré Moussa Touati. Le président du FNA a choisi de clôturer sa campagne par un meeting à la salle Hacène-Harcha, un autre martyr de la Révolution. Mais Moussa Touati plaide pour un «système parlementaire» garantissant «la séparation des pouvoirs» et «l'alternance dans la gestion des affaires du pays à tous les niveaux». Seule femme présente au scrutin prochain, Louisa Hanoune a choisi de prendre «les chemins qui montent» à «la Wilaya III historique». C'est dans la salle Saïd-Tazrout que la candidate du PT a mis «la cerise» du printemps sur le programme électoral qu'elle propose aux Algériens. S'étant déjà présentée à la présidentielle de 2004 où elle a obtenu 1% des voix, Louisa Hanoune opte pour «la réhabilitation de la volonté populaire». Considérant que «le peuple est le seul détenteur légitime du pouvoir», Louisa Hanoune compte «instituer le droit du peuple à révoquer le président». Le choix de la wilaya de Tizi Ouzou pour terminer en apothéose sa campagne, s'inscrit en droite ligne de sa conviction politique quant à l'irréversibilité de «l'unité nationale». Pour sa part, Ali Fawzi Rebaïne s'est rendu à Tipaza. De son côté, Mohamed Saïd a mis un point final à son périple électoral à Relizane. Après 19 jours de campagne, les candidats ont-ils convaincu les citoyens à aller voter? Réponse le 9 avril prochain.